Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Après Meta, Google annonce la fin des nouvelles canadiennes sur sa plateforme

Partager

Raphaël Pirro

2023-06-29T17:10:07Z
2023-06-29T19:45:40Z
Partager

Malgré des signaux positifs envoyés par Justin Trudeau hier, Google joint ses forces à celles de Meta et annonce qu’il censurera tous les liens vers les médias canadiens et québécois de ses résultats de recherche, un coup dur pour le gouvernement fédéral et le journalisme professionnel.

• À lire aussi: Meta mettra fin à toutes ses ententes avec les médias canadiens

Les utilisateurs de Google ne verront plus ces nouvelles sur Search, News et Discover, ainsi que sur la Vitrine Google Actualités au Canada «lorsque la loi entrera en vigueur», a déclaré Kent Walker, président des Affaires globales de Google, dans un billet de blogue publié jeudi.

Écoutez le segment LCN de Marie Montpetit via QUB radio: 

«Le gouvernement ne nous a pas donné de raison de croire que le processus réglementaire sera en mesure de résoudre les problèmes structurels de la législation», poursuit M. Walker, se disant «déçu d’en arriver là».

Publicité

Pas plus tard qu’hier, Justin Trudeau affirmait en conférence de presse «qu’avec Google, on continue d’avoir de bonnes conversations».

Écoutez l’entrevue de l’animateur du podcast «Mon Carnet», de Bruno Guglielminetti: 

Google et Meta (propriétaire de Facebook, Instagram et WhatsApp) sont en guerre ouverte avec Ottawa concernant la Loi sur les nouvelles en ligne, qui les forcera à partager une part des revenus obtenus à partir du contenu journalistique.

Après des mois de menaces explicites et de «tests», les puissantes multinationales sont passées à l’attaque après l’adoption finale de la loi au Sénat la semaine dernière.

Meta coupe les ponts

Parallèlement à Google, les ententes qui avaient été conclues par Meta avec La Presse Canadienne, Le Devoir, les Coops de l’information, le Toronto Star et le Globe and Mail prendront toutes fin dans un avenir rapproché, a appris l’Agence QMI.

  • Écoutez la rencontre Gagnon-Montpetit avec Karine Gagnon, directrice adjointe de l’information au Journal de Québec, au micro de Marie Montpetit via QUB radio: 

Publicité

Malcolm Kirk, président de La Presse Canadienne, a écrit jeudi une note aux employés dans laquelle il assure que l’actuelle cohorte de boursiers Meta serait la dernière.

«Nous devons soigneusement analyser les autres implications financières et opérationnelles de la fin abrupte de ce programme. Nous vous tiendrons au courant», a-t-il indiqué.

Un porte-parole de Meta a dit que l’entreprise ne ferait aucun commentaire à ce stade-ci.

Le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), Michaël Nguyen, demande au gouvernement de ne pas «plier» devant ce nouveau «pied de nez à la démocratie» par des «quasi-monopoles».

Rejointe par TVA Nouvelles, une représentante de Google Canada affirme que le projet de loi C-18 n’est pas viable pour le conglomérat américain.

«Le projet de loi C-18 a été adopté et demeure inapplicable. Le gouvernement ne nous a pas donné de raison de croire que le processus réglementaire sera en mesure de résoudre les problèmes structurels de la législation. En conséquence, nous avons informé le gouvernement que nous avons pris la décision extrêmement difficile de suspendre la liaison des liens vers les nouvelles canadiennes dans nos produits Search, News et Discover au Canada», peut-on lire.

La classe politique consternée

Appelé à réagir, le ministre du Patrimoine canadien s'est désolé de voir Google, mais également Meta, d'agir de la sorte.

Publicité

«Toutes les options sont sur la table. Moi, je demeure optimiste au niveau de la poursuite des discussions avec Google, ais vous avez, on ne peut pas avoir des multinationales, parce qu’elles sont grosses, parce qu’elles sont fortes, parce qu’elles ont de gros avocats, venir chez nous et nous dire quoi faire et venir intimider les Québécois et les Canadiens, et venir dire: "OK, vous autres les députés, vous avez été élus par le peuple, mais c’est pas grave, c’est nous qui ‘call’ les ‘shots’"», a dénoncé le ministre Pablo Rodriguez en entrevue à TVA Nouvelles.

Le Bloc Québécois et le NPD ont demandé à Ottawa de riposter en cessant l’achat de publicités sur ces plateformes. Le fédéral a acheté pour 11,4 M$ en publicités à Meta et pour 8,7 M$ à Google en 2021-2022. À Québec, le Parti Québécois réclame que Québec fasse la même chose.

Pourfendeur de la loi depuis le début, l’expert canadien en droit de l’internet Michael Geist a déclaré que le ministre Pablo Rodriguez a fait un «but contre son propre camp» avec une loi «qui a réussi à retirer des millions au secteur de l’information et à laisser tout le monde dans une position bien pire que s’il n’avait rien fait du tout».

«Ils ont dit»

«Ces entreprises veulent de toute évidence conserver leur position presque totalement dominante en ligne et si cela est peut-être bénéfique pour leurs actionnaires, ce n’est assurément pas dans l’intérêt du public.»

– Michaël Nguyen, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ)


«Franchement, ils se prennent pour qui, ces gens-là? Ces tactiques d’intimidations sont honteuses. Qu’ils le veuillent ou non, il est temps que ces milliardaires paient leur juste part.»

– Alexandre Boulerice, chef adjoint du NPD


«Nous sommes au milieu d’une partie de bras de fer où Meta et Google ont décidé de jouer les gros bras [...]. Nous invitons le gouvernement à ne pas plier l’échine devant ces multinationales et lui signifions tout notre appui en ce sens.»

– Martin Champoux, porte-parole du Bloc Québécois en matière de Patrimoine

Avec la collaboration de Patrick Bellerose  

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité