Projet de loi 97: les Premières Nations suspendent leur participation à la table de concertation
Ève Beauregard
L’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) suspend sa participation à la table de concertation de haut niveau sur le projet de loi 97, qu’elle juge incompatible avec ses droits.
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L’organisation déplore l’absence d’engagement clair de la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, sur des principes jugés fondamentaux, comme la cogestion des forêts et le respect des droits ancestraux.
Le vice-chef de Mashteuiatsh et membre du comité de l’APNQL sur les forêts, Jonathan Gill-Verreault, révèle que de tourner le dos à la table de concertation n’était pas un choix facile, mais qu’il était nécessaire.
«Pour nous les Premières Nations, on n’a tout simplement rien à gagner de perdre du temps à essayer de faire valoir nos droits, a-t-il dénoncé. On est face à un mur, malgré toute la bonne volonté dans les derniers mois, à dialoguer, à être ouverts, à voir des discours constructifs, on fait face à une fermeture.»
Le cabinet de la ministre Blanchette-Vézina a indiqué, pour sa part, souhaiter continuer les discussions afin de travailler avec l’APNQL au développement durable de la forêt et d’assurer des retombées économiques pour toutes les communautés.
«Les travailleurs vivent des moments difficiles avec la hausse prévue des tarifs sur le bois d’œuvre. Nous souhaitons collaborer avec l’APNQL afin de trouver ensemble des solutions qui respectent l’environnement et qui répondent aux défis de l’industrie», a écrit le cabinet de la ministre.
La ministre invite notamment l’APNQL à rejoindre la table des discussions pour poursuivre le travail.
Du côté du cabinet du premier ministre, il a été écrit qu’il voulait travailler en collaboration avec les Premières Nations pour discuter des amendements possibles au projet de loi et trouver des solutions mutuellement acceptables.
«Nous sommes ouverts à faire des ajustements. Nous voulons travailler avec les communautés. Cela dit, des blocus ne règlent rien», a déploré le cabinet du premier ministre.
Les blocus se poursuivent
Pendant ce temps, les blocus se poursuivent au Lac-Saint-Jean. Des membres de la Première Nation MAMO, qui ne reconnaissent pas les conseils de bande comme autorité, bloquent l’accès à l’usine de séchage de Saint-Prime.
Jonathan Gill-Verreault estime que le regroupement a le droit de manifester, mais croit que les membres doivent rester pacifiques.
«On ne croit pas que la cible doit être les travailleurs de la région, on doit garder le gouvernement dans la ligne de mire, souligne le chef. Les actions diffèrent du regroupement MAMO, mais écoutez, on comprend le ras-le-bol.»
Pour l’ancien chef du conseil de bande de Mashteuiatsh Gilbert Dominique, la stratégie du regroupement est légitime afin d’atteindre des objectifs en matière de protection du territoire.
Il est toutefois en opposition avec les actions que le regroupement pose.
«Malheureusement, je pense que notre population est complètement en désaccord avec la stratégie, on ne peut pas prendre en otage des travailleurs, des chefs de famille...», pointe-t-il.
La ministre Maïté Blanchette Vézina, de son côté, exhorte les blocus à cesser.
«Prendre en otage économiquement les travailleurs et leurs familles n’est pas une manière acceptable de revendiquer; cela ne fait qu’envenimer le conflit. [...] Pour faire entendre ses revendications, le groupe MAMO est invité à les porter auprès de ses représentants élus et à les inciter à négocier de bonne foi avec le gouvernement», a écrit son cabinet.
L’APNQL reste ouverte au dialogue, mais exige un véritable processus de gouvernement à gouvernement avant de reprendre les discussions.
Le chef Sipi Flamand, du Conseil des Atikamekw de Manawan, demande des bases claires pour revenir à la table des négociations.
«[On veut] une volonté réelle de coconstruire un avenir équilibré pour nos forêts, pour l’instant ces conditions-là ne sont pas réunies», a-t-il lancé.