Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles

Projet de loi 83: pour une contribution des médecins au système public

Photo fournie par FOTOLIA
Partager

Dr Edmond Sauvé, Résident finissant en médecine familiale

2025-02-17T05:00:00Z
Partager

À titre de médecin finissant, j’estime que la mesure gouvernementale consistant à retenir les médecins dans le système public lors de leurs cinq premières années de pratique professionnelle est une bien mince exigence compte tenu des privilèges accordés à cette profession. 

Comment se fait-il que la majorité des Québécois soient en faveur de ce projet de loi 83 alors que la vaste majorité de mes collègues s’y opposent ? Peut-on vraiment fermer les yeux devant le fait que 98% des médecins canadiens travaillant au privé le font au Québec?

Les récentes prises de position des médecins dans les médias me forcent à faire entendre ma voix, car elles me ramènent à l’essence même de ma profession.

Manque de personnel

Au sommet de la pyramide sociale, les médecins profitent d’un salaire de beaucoup supérieur à la moyenne québécoise, se font courtiser par les banques avant même leur entrée sur le marché du travail et profitent d’un lobby fort auprès du gouvernement.

Les médecins sont des travailleurs autonomes et, bien qu’ils exercent de grandes responsabilités, bénéficient d’une flexibilité sur leur horaire qui est pratiquement inégalée dans la fonction publique. En première ligne, nos collègues infirmières spécialisées n’ont pas de tels privilèges.

Certes, le projet de loi 83 ne doit pas masquer les autres problèmes du système de santé, comme le manque de personnel. Beaucoup de mes collègues soutiennent que l’approche de coercition adoptée par le gouvernement ne s’attaque pas au vrai problème.

Publicité

Pourtant, le manque de personnel infirmier qui pousse certains médecins à quitter le réseau public est une conséquence directe du système privé lui-même, qui attire nombre d’infirmières. Certains médecins ont qualifié le projet de loi 83 de mesure dictatoriale. Il s’agit à mon sens d’un pied de nez aux autres corps de métiers en santé dont les syndicats peinent à faire gagner du terrain devant un gouvernement qui les sous-finance.

Contrat social

J’ai choisi la médecine familiale, car je crois fermement au bien-fondé d’un système de santé public. Cette médecine est universelle. Elle est parfois difficile, avec des patients qui disposent de peu de moyens pour payer les frais non couverts par l’Assurance-maladie ou qui souffrent d’un contexte social qui ne permettra jamais l’épanouissement de leur santé.

La médecine, dans ses fondements mêmes, se veut juste et éthique. Je refuse de reconnaître les bénéfices prétendus d’un système privé qui siphonne les ressources médicales pour perpétuer les inégalités sociales. Je joins ma voix à celle des Médecins québécois pour le régime public, qui souhaite même étendre la durée de du contrat social entre les médecins et leur population.

Je suis reconnaissant envers le système d’éducation québécois, et je m’y sens redevable. Former un médecin pendant plusieurs années coûte très cher à l’État, et il m’apparaît tout naturel de rendre ses services à la société qui a fait fleurir ses dispositions. Mon parcours en médecine m’a permis de cultiver ma curiosité scientifique, la beauté de la relation d’aide, les concepts philosophiques qui guident ma profession et surtout des valeurs indéfectibles de justice sociale. Je souhaite que mes collègues partagent cette poursuite du bien commun.

COURTOISIE (Edmond Sauvé)
COURTOISIE (Edmond Sauvé)

Dr Edmond Sauvé

Résident finissant en médecine familiale

*À noter que mon opinion ne représente pas la position officielle de la fédération des médecins résidents du Québec, la FMRQ.

Publicité
Publicité