Projet d’enfouissement des fils abandonné: il vit avec une entrée électrique «temporaire» depuis près de trente ans

Gabriel Côté
Un Montréalais doit vivre avec une entrée électrique «temporaire» depuis près de trente ans, en raison d’un projet d’enfouissement des fils désormais abandonné par la Municipalité. Les travaux pour mettre son installation aux normes coûteraient plus de 2000$ et la Ville refuse de l’aider.
«Il faut que la Ville prenne ses responsabilités et répare son erreur», s’indigne Yves Laporte, 67 ans, en entrevue avec Le Journal.
Ce retraité est un rescapé du fameux «projet 83-89». Au début des années 80, Hydro-Québec a demandé à la Ville de modifier ses canalisations afin de lui permettre de moderniser son réseau de distribution électrique, qui était alors vétuste.

Le maire de l’époque, Jean Drapeau, en a profité pour demander que les câbles soient enfouis. Une entente a été signée en 1983 afin de mettre sous terre environ 250 kilomètres de fils et d’en déplacer autant vers les ruelles d’ici l’année 1989.
«Chez nous, les travaux ont commencé en 1989», se souvient le sexagénaire. «Ils ont fait une tranchée dans la servitude et ont installé des canalisations, puis ils ont creusé des trous d’homme et des voies d’accès. Tout ça a pris un certain temps.»

«En 1995, la Ville m’a fait changer mon entrée électrique pour une installation temporaire, le temps de passer d’un système à l’autre», raconte M. Laporte. «Ils m’avaient donné une subvention de 750$ pour ça. Puis il ne s’est rien passé et le projet a finalement été abandonné dans ma rue en 2020».
«Je trouve que 30 ans, c’est long pour une installation temporaire», ironise-t-il.
Ping-Pong
Selon Hydro-Québec, la décision de suspendre le projet d’enfouissement dans la rue où réside M. Laporte «relève de la Ville».
Pourtant, la Ville de Montréal n’est pas en mesure d’expliquer pourquoi le projet a été mis sur la glace à cet endroit.

«Ni la Ville de Montréal ni la Commission des services électriques de Montréal ne sont en mesure de retracer de correspondances ou de documents en lien avec ce projet. Il est donc impossible d’attester ce qui a été fait ou dit, ou encore de déterminer les sommes qui ont pu être investies à l’époque», a affirmé un porte-parole de la Ville, Hugo Bourgoin, dans un courriel.
Aux citoyens de payer
Hydro-Québec et la Ville de Montréal se rejoignent toutefois sur un point: les deux organisations soutiennent que les citoyens qui sont dans la même situation que M. Laporte doivent payer de leur propre poche pour mettre leur entrée électrique aux normes.
«Lors d’un projet d’enfouissement, les propriétaires ont la responsabilité de faire exécuter les travaux par un maître électricien», a expliqué M. Bourgoin.
Le problème, c’est que la facture est très salée. Selon les dernières estimations d’un maître électricien, rendre l’installation de M. Laporte conforme aux normes d’Hydro-Québec coûterait 2097$.
«Comme c’est la Ville qui m’a fait changer mon entrée électrique, il me semble que ça devrait être leur responsabilité de m’aider à la remettre en état», tonne le sexagénaire.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.