Programmes de formation professionnelle menacés: les acteurs économiques de Québec et Lévis tirent la sonnette d’alarme


Daphnée Dion-Viens
Les acteurs économiques de Québec et Lévis tirent la sonnette d’alarme: des programmes de formation professionnelle sont menacés par les restrictions en immigration qui font diminuer drastiquement le nombre d’étudiants internationaux, ce qui ne fera qu’aggraver la pénurie de main-d’œuvre dans la région.
«On tire la sonnette d’alarme parce que c’est la croissance économique de Québec et Lévis qui est menacée», a affirmé Frédérik Boisvert, président de la Chambre de commerce et de l’industrie de Québec, lors d’un point de presse mardi.
Selon des données recueillies par Éducation internationale, un organisme dédié au recrutement d’étudiants internationaux en formation professionnelle, leur nombre a diminué dans la grande majorité des centres de formation professionnelle (CFP), cette baisse était même de plus de 50% dans certains programmes.
Cette diminution a un impact direct sur l’offre de formation : 67% des CPF de la région indiquent qu’au moins un de leurs programmes ne pourra plus démarrer régulièrement, faute d’inscriptions.
«C’est complètement inacceptable», a lancé Marie-Josée Morency, présidente-directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie du Grand Lévis, qui a tenu à souligner «l’apport fondamental» des étudiants internationaux à la vitalité économique de la région.
Étudiants québécois pénalisés
Les restrictions en immigration auront aussi un impact direct sur des étudiants québécois qui n’auront plus accès à certains programmes en région, faute d’inscriptions en nombre suffisant pour démarrer une cohorte.
Des étudiants québécois de la région pourraient devoir aller à Montréal pour se former, contribuant ainsi à l’exode de travailleurs qualifiés dans la région, «ce qui pour moi est un scandale», a lancé Frédérik Boisvert.
Au centre de services scolaire Beauce-Etchemin, par exemple, les programmes de soudage et dessin industriel n’auraient pu être offerts en janvier 2025 sans la présence d’étudiants internationaux qui représentent la moitié des inscriptions, a indiqué l’agente de développement Anne-Marie Latulippe.
De son côté, l’École hôtelière de la Capitale, qui accueille 130 étudiants internationaux présentement, s’attend à ne recevoir qu’une trentaine d’inscriptions à l’automne, ce qui pourrait mener à des pertes d’emplois parmi les enseignants.
Mesures «asymétriques» réclamées
En novembre 2024, Ottawa a imposé des restrictions majeures sur l’admissibilité au permis de travail post-diplôme, réduisant de plus de moitié le nombre de programmes de formation professionnelle qui y sont admissibles.
D’autres mesures ont aussi été annoncées au cours des derniers mois, dont l’imposition par le gouvernement Legault d’un quota sur le nombre de demandes de certificat d’acceptation du Québec qui limite encore davantage l’accès à la formation professionnelle pour les étudiants internationaux.
L’Alliance économique Lévis-Québec presse les gouvernements fédéral et provincial de revoir ces mesures de façon «asymétrique», afin de tenir compte des besoins en main-d’œuvre dans certaines régions.
«L’immigration via les étudiants internationaux, c’est la plus belle immigration que nous pouvons avoir», a ajouté M. Boisvert.
Au cabinet du ministre provincial de l'Immigration, Jean-François Roberge, on préfère ne pas commenter la situation pour l'instant puisque les différents scénarios pour la prochaine planification seront présentés d'ici la fin de la semaine.
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