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L'article provient de Le Journal de Montréal
Éducation

Prof qui crie et empêche d’aller aux toilettes: des parents d’une 5e école s’étaient aussi plaints l’an passé

La direction leur a envoyé une lettre les décourageant de discuter des comportements de l’enseignant dans un groupe Facebook privé

L’école Saint-Pierre-Claver, où le professeur cumulant les plaintes enseignait l’an passé.
L’école Saint-Pierre-Claver, où le professeur cumulant les plaintes enseignait l’an passé. Photo Pierre-Paul Poulin
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Photo portrait de Dominique  Scali

Dominique Scali

2025-06-30T04:00:00Z
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L’enseignant d’anglais inadéquat qui a pu crier et dénigrer ses élèves dans quatre écoles différentes de Montréal a également sévi dans une 5e école, où les parents ont même reçu une lettre les décourageant d’en discuter entre eux.

«Voyons donc! Il n’y a aucune imputabilité!» s’exclame Geneviève Gagné, une mère de l’école Saint-Pierre-Claver, située sur Le Plateau-Mont-Royal.

Le Journal rapportait mercredi qu'un enseignant d’anglais au primaire se trouvait encore en classe il y a deux semaines même s'il cumulait les plaintes de parents dans quatre écoles depuis 2022.

Même s'il n’était pas nommé, des parents ont tout de suite reconnu celui qui enseignait l’anglais à Saint-Pierre-Claver l’an passé.

Le Journal a parlé à quatre parents de cette école. Ils rapportent des comportements semblables à ce qui a été reproché ailleurs au professeur: cris, dénigrement, sévérité excessive et manque de pédagogie.

Mme Gagné raconte par exemple que l’enseignant aurait déjà déchiré la copie d’un mini-test de sa fille devant elle.

Comme dans les autres écoles, il aurait empêché des élèves de se rendre aux toilettes, au point où certains n’étaient plus capables de se retenir.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Alexandre Dubé, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

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Lettre de la direction

Plusieurs parents ont écrit à la direction dès janvier 2024, selon les courriels consultés.

Sur Facebook, le sujet a également émergé dans le groupe privé réunissant les parents de l’école.

«C’est le post le plus animé que nous ayons jamais eu», note Marc Snyder, qui fait partie des plaignants et qui est aussi le fondateur du groupe sur Facebook.

Le but était alors de valider ce que les enfants racontaient pour s’assurer qu’ils n’inventent pas d’histoires ou n’exagèrent pas, expliquent les parents.

Le 12 février, la direction de l’école a envoyé une lettre aux parents pour les mettre en garde contre les «propos à teneur diffamatoire qui portent atteinte à la réputation de [l’enseignant]».

«Aucune publication sur les réseaux sociaux visant à discréditer un membre du personnel de l’école [...] ne sera tolérée», peut-on lire dans cette missive intitulée Attentes.

La direction y demande aux parents d’adresser leurs commentaires ou inquiétudes «exclusivement» aux cadres de l’école et d’adopter «une attitude respectueuse à l’égard de tout le personnel».

Pour contrôler le message

Cette réponse a fait sursauter Nicolas Teasdale, qui s’était plaint du manque de respect et de justice de ce professeur envers les élèves.

«L’école n’a pas à essayer de contrôler le message», estime-t-il. Surtout dans un contexte où les parents essaient simplement d’échanger de l’information, ajoute M. Teasdale.

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De son côté, le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) explique que la communication envoyée par la direction en février «visait à canaliser les plaintes des parents vers les bons canaux».

«La situation a fait l’objet d’un suivi rigoureux», assure par courriel Alain Perron, des relations avec les médias.

Quant à l’enseignant, il n’a retourné ni les appels ni les courriels du Journal.

LES ÉCOLES OÙ IL COLLECTIONNE LES PLAINTES
  • Saint-Isaac-Jogues: janvier à juin 2025
  • Saint-Paul-de-la-Croix: automne 2024
  • Saint-Pierre-Claver: hiver à juin 2024
  • La Visitation: janvier à juin 2023
  • Louis-Collin: septembre à décembre 2022

Le ministre Drainville «choqué» par les comportements rapportés

Les plaintes de parents contre l’enseignant dénoncé se sont rendues jusqu’au ministre de l’Éducation, qui se dit «préoccupé» et surtout «choqué» par les comportements rapportés.

«En aucun temps on ne peut accepter ce genre de comportements de la part d’enseignants qui ont un rôle modèle», indique Antoine de la Durantaye, du cabinet, dans une déclaration écrite.

«Des vérifications sont présentement en cours au ministère et s’il faut prendre des actions supplémentaires pour régler la situation, nous n’hésiterons pas à le faire.»

Lourdeur

Avant la publication de l’article de mercredi, le dossier avait déjà remonté jusqu’au ministère grâce aux démarches de parents de l’école Saint-Isaac-Jogues.

L’école primaire Saint-Isaac-Jogues, dans le quartier Ahuntsic, est le dernier établissement où l’enseignant problématique est passé.
L’école primaire Saint-Isaac-Jogues, dans le quartier Ahuntsic, est le dernier établissement où l’enseignant problématique est passé. Photo Agence QMI, JOËL LEMAY

Un «avis» résumant les enjeux dénoncés a notamment été transmis au ministère par la protectrice régionale de l’élève, selon les correspondances examinées.

Plusieurs parents se disent d’ailleurs étonnés par la lourdeur du processus.

«Donc, nous devons refaire une plainte au ministre?» se demandait François Courtemanche dans un courriel au début juin, après avoir déjà porté plainte à la direction, au CSSDM puis à la protectrice régionale de l’élève.

Indépendant

Le ministère peut en effet mener une enquête sur les agissements d’un enseignant, mais il s’agit d’une enquête indépendante de celle menée par le protecteur de l’élève.

Au moins deux parents ont indiqué au Journal avoir transmis une plainte formelle ou écrit directement au ministre.

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