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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Produits des États-Unis en liquidation: «Les gens ne veulent rien savoir des aliments américains»

Les aliments locaux continuent de gagner en popularité

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Photo portrait de Marianne Langlois

Marianne Langlois

2025-03-06T05:00:00Z
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Les Québécois priorisent massivement l’achat local depuis le déclenchement d'une guerre tarifaire par Donald Trump, au point où certains commerçants doivent écouler ou vendre au rabais leurs produits de marques américaines.

«Du jour au lendemain, il y a eu une baisse des ventes sur les produits américains. On a même dû mettre trois marques, dont Pillsbury, en liquidation pour éviter les pertes», observe Richard Gevet, adjoint de l’épicerie de quartier Chez Clémentine.

Richard Gevet, adjoint de l’épicerie Chez Clémentine dans Rosemont. L’entreprise observe une diminution flagrante de la popularité des produits des États-Unis et a réduit le prix de trois grandes marques américaines pour éviter le gaspillage.
Richard Gevet, adjoint de l’épicerie Chez Clémentine dans Rosemont. L’entreprise observe une diminution flagrante de la popularité des produits des États-Unis et a réduit le prix de trois grandes marques américaines pour éviter le gaspillage. Photo Agence QMI, JOËL LEMAY

Depuis le début du mois de février, le commerce situé dans Rosemont constate un engouement encore plus présent qu’auparavant pour les aliments du Québec. Résultat: les produits américains restent sur les tablettes.

Photo Agence QMI, JOËL LEMAY
Photo Agence QMI, JOËL LEMAY

«Il n’y a pas un jour qui passe sans qu’on me demande la provenance des produits, c’est vraiment impressionnant. Les gens ne veulent rien savoir des aliments américains», souligne Siméon Chauvette, caissier à l’épicerie de quartier.

Cibler le local

Le Journal a constaté que des produits de marque américaine, même s'ils sont fabriqués dans des usines du Québec (Philadelphia ou Kraft), étaient au rabais depuis plusieurs semaines chez Maxi. Pour la première fois en deux ans, le prix plancher pour 1kg de beurre d’arachide Kraft, était passé de 5,77$ à 4,97$.

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Le beurre d’arachide Kraft au rabais dans une épicerie de la bannière Maxi, à Montréal.
Le beurre d’arachide Kraft au rabais dans une épicerie de la bannière Maxi, à Montréal. Photo Agence QMI, JOËL LEMAY

Cette tendance s’observe dans plusieurs épiceries de la province depuis un mois et l’incertitude créée entourant les tarifs pousse des propriétaires à prévoir deux coups d’avance.

«On ne commande plus de produits des États-Unis, il y a des aliments qui sont toujours disponibles en magasin, mais on écoule tout ce qu’on a en inventaire», commente Éloïse Zimmer, copropriétaire de l’épicerie zéro déchet Épizode.

Éloïse Zimmer songe à carrément retirer des produits cultivés aux États-Unis de son épicerie de la rue Saint-Zotique, à Montréal.
Éloïse Zimmer songe à carrément retirer des produits cultivés aux États-Unis de son épicerie de la rue Saint-Zotique, à Montréal. Photo Marianne Langlois

L’entrepreneure songe à carrément retirer certains produits de son commerce de façon temporaire ou permanente si la situation ne change pas.

«En ce moment, on a des noix de Grenoble et des amandes qui proviennent des États-Unis, mais dans les prochaines commandes, on aura probablement des amandes de l’Europe. Pour les noix de Grenoble, on pourrait même cesser d’en vendre, je pense qu’on peut se passer de certaines noix», ajoute la Rosemontoise.

Photo Marianne Langlois
Photo Marianne Langlois

Même son de cloche pour Distribution alimentaire Aubut, un grossiste alimentaire du grand Montréal qui ouvre ses portes au public.

«Les gens veulent des produits canadiens, on continue d’offrir certaines marques américaines, mais on ne fait aucune promotion pour ces items et on ne va pas les mettre de l’avant», commente Charles Charbonneau, directeur adjoint d’Alimentation Aubut Montréal.

Produits à liquider

Cette tendance semble être là pour de bon.

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«Il y a certaines épiceries qui mettent des produits américains en rabais parce que les ventes ont diminué. Ce n’est pas pour tous les produits, mais je commence à avoir des informations de la part de plusieurs bannières», explique Jacques Nantel, professeur émérite à HEC Montréal.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Michel Rochette, du Conseil canadien du commerce de détail, abonde dans le même sens.

«Les épiciers sont très sensibles à la situation! Comme les gens privilégient des produits qui sont les plus locaux possibles, les épiciers doivent s’adapter et on ne veut pas de pertes. Forcément, des rabais sur des produits qui deviennent moins populaires, on en voit!» a-t-il confirmé.

«Il y a beaucoup de produits américains qui sont en rabais ici en Ontario, on voit que les gens changent leurs habitudes. Il y a même plusieurs commerces qui laissent des tablettes vides pour faire plus d’espace pour les produits canadiens», conclut Sylvain Charlebois, économiste et professeur titulaire à l’Université Dalhousie.

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