Prochain affrontement gouvernement c. médecins... en 2125
Les médecins ont réussi à faire tomber toutes les contraintes et les obligations


Mario Dumont
Plusieurs ont poussé un soupir de soulagement en entendant la nouvelle d’un accord entre le gouvernement et les médecins omnipraticiens la semaine dernière. Les menaces de départs massifs et de fermetures de cliniques avaient apeuré la population et inquiété plusieurs députés de la CAQ.
En découvrant les détails de ladite entente, nous avons peu à peu pris conscience de l’ampleur des concessions du gouvernement. Québec a reculé à peu près sur tous les points essentiels.
Pour sauver la face, le gouvernement peut continuer à dire qu’il modifie le mode de rémunération des médecins en instaurant la capitation. Donc une partie de la rémunération des médecins sera pour la prise en charge de patients plutôt que la rémunération seulement à l’acte.
Plus d’obligations
Cependant, selon les termes de l’entente, la capitation sera implantée aux conditions et avec les montants qui font l’affaire des médecins. Le gouvernement a cédé sur la prise en charge des patients vulnérables. En fait, il a cédé sur presque tout le reste.
Le plus important, le gouvernement a abandonné toutes les obligations de résultats. Les médecins ne seront soumis à aucune contrainte. Sur une base volontaire, le gouvernement espère que 500 000 patients de plus seront pris en charge au cours de l’année 2026.
Le gouvernement a aussi abandonné toute la notion de prise en charge collective, celle-là même qu’on nous vantait depuis des mois comme la nouvelle garantie d’être soigné. En sus de tous les reculs, le gouvernement a accepté d’ajouter de l’argent dans l’enveloppe. Après avoir multiplié les entrevues pour déplorer des baisses de rémunération de 30%, 40%, voire jusqu’à 60%, voilà que les omnipraticiens se retrouvent avec un gain de 14%. Grosse différence!
Gouvernement humilié
On dit généralement que dans une négociation, les deux parties font leur bout pour se rencontrer quelque part à mi-chemin. Réglons une chose ici: l’entente n’est pas à mi-chemin. Les médecins ont tenu tête au gouvernement, ont travaillé sur l’opinion publique et ont sévèrement humilié le gouvernement de la CAQ.
Je peux vous faire une prédiction facile. Ce n’est pas demain la veille qu’un autre gouvernement, quelle qu’en soit la couleur, va s’essayer à imposer ses volontés au corps médical. La leçon reçue par la CAQ va être inscrite dans les manuels de politique pour des années à venir. Les syndicats de médecins édition 2025 ont obtenu une victoire qui va leur valoir des années de tranquillité.
Je serais tenté de dire qu’on ne reverra pas d’offensive pour imposer quelque chose de majeur aux médecins avant un siècle.
Lundi matin, le docteur Benoit Heppel de Sherbrooke me disait à LCN que les médecins ont dorénavant une responsabilité de faire eux-mêmes une différence. Du point de vue du patient, il ne reste qu’à espérer que cette attitude responsable se généralise.
Aucun gouvernement n’imposera sa volonté, quelle que soit son évaluation des besoins de la population.