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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Procès Rozon: la complainte lancinante d’un empereur déchu

Depuis des semaines, on entend le délire victimaire répétitif de l’empereur déchu de l’industrie de l’humour.
Depuis des semaines, on entend le délire victimaire répétitif de l’empereur déchu de l’industrie de l’humour. Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
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Photo portrait de Josée Legault

Josée Legault

2025-07-18T04:00:00Z
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Il y a de ces procès qui, aussi nécessaires soient-ils dans une quête même minimale de justice, lèvent carrément le cœur. Il en va ainsi pour le procès au civil de Gilbert Rozon intenté par neuf femmes l’accusant d’agression sexuelle.

Depuis des semaines, on entend le délire victimaire répétitif de l’empereur déchu de l’industrie de l’humour. Selon lui, LA vraie victime ne serait nul autre que lui-même, tellement «charmeur» et «irrésistible» que les femmes lui auraient sauté littéralement dessus.

Il serait également l’ultime martyre du mouvement #metoo. Un agneau virginal sacrifié en guise d’expiation par une «meute» de femmes foncièrement menteuses, dont le véritable but serait de lui extorquer le maximum d’argent.

Sous prétexte de répondre à deux journalistes de La Presse, cet homme qui monologue sans cesse s’est même fendu ce jeudi d’une lettre ouverte dans la section «Dialogue».

Sans surprise, il y reprend sa litanie lancinante sur toutes ces femmes ne rêvant qu’à lui voler sa fortune en l’accusant faussement d’agression sexuelle.

Il s’y dit victime d’un «bûcher» médiatique. Ces «complices zélés de #metoo» l’auraient réduit à une «allégorie»: «celle du monstre, du salaud, de l’ennemi public numéro un. Le bouc émissaire. Le symbole anti-#metoo.»

Persécution

Il s’y plaint d’avoir été «jugé dans la rue, exécuté à la une, crucifié sur les réseaux». C’est «kafkaïen», ajoute-t-il, «ubuesque» et même «stalinien». Ne manquait plus qu’une référence aux camps de concentration.

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«La vérité officieuse se dévoile, lance-t-il, il est question d’argent. Rien d’autre. L’argent qui corrompt, qui déchire, qui fait mentir. L’argent pour lequel on trahit, on manipule, on remonte le fil du temps jusqu’à l’effondrement de toute logique.»

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Alexandre Dubé, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Devant cet interminable tsunami indigeste de divagations de persécution, on reste sans mots.

Non pas uniquement devant celui qui les régurgite, mais surtout à la pensée de ce que ses sorties répétées font revivre aux demanderesses et à d’autres femmes alléguant avoir également été ses victimes.

Dommage

Dans la société québécoise, les déclarations hallucinantes de l’ex-patron de Juste pour rire font aussi du dommage.

Pour de nombreuses femmes, elles provoquent un profond dégoût parce qu’elles viennent leur rappeler des agressions et le même discours victimaire tenu par leurs agresseurs.

Pour plusieurs hommes qui ne sont pas de la même eau, elles sèment la consternation devant ce torrent incessant d’insultes lancées aux demanderesses et à toutes ces femmes qui, de par le monde, ont porté le mouvement #metoo à leurs risques et périls.

Ce faisant, les paroles de l’ex-magnat du rire font néanmoins œuvre utile. Elles témoignent de l’immensité du travail d’éducation au respect des droits des filles et des femmes qui – ça crève les yeux et les oreilles –, reste à faire.

Du même coup, elles rappellent à quel point le pouvoir, petit ou grand, sert de paravent à des hommes pour qui les femmes ne sont que leurs jouets personnels.

Elles montrent que les victimes alléguées sont à la fois terriblement meurtries et courageusement résilientes.

En cela, ce procès est d’une importance capitale. Le système de justice répondra-t-il présent pour elles?

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