Procès pour tentative de meurtre sur un policier: les jurés questionnés sur leurs biais face à la religion
Ali Ngarukiye est accusé d’avoir désarmé et tenté de tuer le policier Sanjay Vig en janvier 2021


Erika Aubin
Des questions sur le racisme et la religion étirent la sélection du jury afin de s’assurer que les candidats retenus n’ont aucun biais au procès d’un Montréalais accusé d’avoir désarmé et tenté de tuer un policier, en janvier 2021.
«Dans ce cas, l’accusé est un jeune homme noir de confession musulmane. Il fait face à plusieurs accusations, dont la plus sérieuse est tentative de meurtre sur un policier blanc», a d’abord expliqué le juge François Dadour aux potentiels jurés.
Ali Ngarukiye, 23 ans, s’en serait pris au policier Sanjay Vig en le désarmant de son arme de service et en tentant de le tuer dans le quartier Parc-Extension, le 28 janvier 2021. Son procès s’est ouvert mercredi au palais de justice de Montréal.
Pour sélectionner le jury, le magistrat de la Cour supérieure a longuement posé à chacun des candidats plusieurs questions aujourd’hui dans le but de savoir s’ils avaient certains biais – conscients ou non – qui pourraient les influencer.
Idées préconçues
«Avez-vous des croyances ou des idées préconçues à propos des hommes noirs? Est-ce que vous pensez qu’un homme noir est plus enclin à commettre des violences envers une personne blanche? Avez-vous des amis qui sont des jeunes hommes noirs?» leur a-t-il notamment demandé.
Le juge Dadour a poursuivi en les questionnant pour savoir s’ils ont des «croyances ou des idées préconçues à propos des personnes de confession musulmane».
Deux candidates ont été écartées après ce genre de questions.
Certains candidats avaient davantage une opinion lorsque le magistrat leur demandait s’ils avaient de quelconques croyances par rapport aux personnes en position d’autorité, telles que les policiers. Quelques-uns ont raconté brièvement des expériences personnelles par rapport à une interaction négative avec des agents.

Plusieurs témoins
Jusqu’à présent, le juge a conclu que dix candidats, soit trois femmes et sept hommes, étaient impartiaux face à la cause. La sélection du jury se poursuit demain. Le procès est prévu pour durer pendant trois mois.
Dès la semaine prochaine, la Couronne doit présenter un témoin important dans le dossier: Mamadi Camara. Rappelons qu’il avait d’abord été accusé à tort dans cette affaire. Il avait finalement été libéré quelques jours plus tard.
L’enquête qui avait finalement mené à l’arrestation de Ngarukiye en mars 2021 en avait été une d’envergure. Elle avait entre autres impliqué des policiers de Durham, en Ontario, ainsi que six agents de la paix de Toronto.