Procès pour meurtres: incursion au cœur d’une guerre de clan
Le procès d’un présumé ex-bras droit d’un chef de clan mafieux accusé de quatre meurtres s’est ouvert mardi


Michael Nguyen
Le procès du présumé ex-bras droit d’un chef de clan mafieux plongera les jurés dans une guerre interne au sein du crime organisé italien, a annoncé la Couronne en relatant l’apport d’un tueur à gages devenu délateur pour élucider quatre meurtres.
« L’accusé Jonathan Massari avait l’ambition de devenir l’homme de confiance d’un chef mafieux. Et pour démontrer sa loyauté, certaines personnes devaient être tuées », a expliqué Me Karine Cordeau de la poursuite, mardi, au centre judiciaire Gouin à Montréal.
Assis dans le box des accusés derrière une grande baie vitrée, Massari, 41 ans, est resté de marbre pendant que la procureure relatait les circonstances des quatre meurtres et trois complots de meurtres pour lesquels il est accusé.

Tués par balles
Le premier événement est survenu le 1er mars 2016, quand Lorenzo Giordano a été assassiné en sortant du gym, à Laval. Assis dans sa voiture à côté de sa conjointe, Giordano s’est fait tirer dessus à cinq reprises.
Puis, près de trois mois plus tard, c’était au tour de Rocco Sollecito de tomber sous les balles d’un tireur, alors qu’il quittait sa résidence, à Laval, à bord de sa BMW.
« Dans une suite d’événements soigneusement chorégraphiés, alors que la victime effectuait un stop obligatoire près d’un arrêt d’autobus, le tireur était là à l’attendre », a relaté la procureure en expliquant que Sollecito a été atteint de plusieurs projectiles.
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Les deux autres meurtres pour lesquels Massari est accusé sont survenus le 30 juin 2016, quand les frères Vincenzo et Giuseppe Falduto ont été tués dans le garage d’une résidence de Saint-Jude, près de Saint-Hyacinthe.
« Les corps n’ont jamais été retrouvés », a dit la procureure aux jurés.
Infiltration
Selon la théorie de la Couronne, les victimes avaient été placées sur une liste établie entre autres par Salvatore Scoppa, le chef du clan calabrais qui est depuis décédé. Massari, désireux d’être dans les bonnes grâces de Scoppa, aurait alors participé aux meurtres.
Et pour exécuter certains des assassinats, il aurait reçu l’aide d’un tueur à gages.
« Il avait été embauché par la mafia, a assuré la Couronne. C’était lui le tireur [dans trois meurtres], tandis que Jonathan Massari était sur les lieux. »
Sauf que ce tueur à gages a ensuite décidé de retourner sa veste et de collaborer avec la Sûreté du Québec en devenant agent civil d’infiltration.
Équipé d’un système d’enregistrement caché, il serait retourné voir ses complices allégués, obtenant d’eux des déclarations incriminantes qui seront présentées lors du procès.
« C’est grâce à sa collaboration que ces quatre meurtres ont été élucidés, a dit la Couronne. [Les enregistrements] sont cruciaux, il s’agit de notre preuve la plus percutante. »
Le procès, devant jury, est présidé par le juge Michel Pennou. Massari est représenté par Me Philippe Larochelle.
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