Kim Kardashian volée à Paris: que s'est-il passé avec le butin de 14 M$?

AFP
Une bague de fiançailles grosse comme une phalange, des prothèses dentaires d’or et de diamants, un collier à 230 000 euros... La cour d’assises de Paris s’intéresse désormais à l’extravagant butin dérobé à Kim Kardashian, bien loin des quelques dizaines de milliers d’euros saisis chez les voleurs présumés.
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Le 9 janvier 2017, trois mois après le braquage de la reine des influenceuses, gros coup de filet : la police interpelle la plupart de ceux qui sont désormais assis sur le banc des accusés.
Chez eux, ni colliers, ni diamants, encore moins de «ring» — comme avaient réclamé à Kim Kardashian de leur fort accent français les malfrats venus pour la bague à 3,5 millions d’euros (5,5 M$ CAD) —, mais un peu d’argent en coupures de 50 euros.
Quelque 17 000 euros chez Aomar Ait Khedache, le cerveau présumé du braquage. Environ 141 000 euros (220 000$ CAD) sous des piles de linge du barman Florus Heroui. Derrière les DVD sur l’étagère du revendeur de bijoux présumé Marceau Baum-Gertner (décédé avant le procès), 5 000 euros (7 816$ CAD).
Chez le fils de Yunice Abbas, qui a reconnu avoir été l’un des guetteurs, ce sont 65 000 euros (101 617$ CAD) qui ont été retrouvés, en grande partie dans un sac plastique.
«Ce n’est pas un montant dérisoire ?», s’étonne le président David De Pas. Le butin total a été estimé à neuf millions d’euros (14 M$ CAD), le plus gros vol d’un particulier depuis 20 ans.
«On est sur des bijoux de marque ayant toute des singularités... la bague c’est 19 carats, c’est un carré de chocolat», s’exclame l’enquêteur à la barre. «C’est difficile à refourguer», certifie-t-il, expliquant que les receleurs arrivent généralement «à tirer 10 à 15 %» du prix réel des bijoux, pas plus.
«Ça fait beaucoup de risque pour peu d’argent...», dit le président.
«Un coup par an à 70 000 euros (109 445$ CAD), ça fait un bon train de vie», répond l’enquêteur.
Et pourtant, avance encore le magistrat, les policiers étaient persuadés que les malfrats préparaient au moment de leur arrestation un «autre coup».
«Ah bah oui, mais c’est leur métier, monsieur le président».
Allers-retours en Belgique
Les accusés, qui contestent pour la plupart leur implication, ne seront interrogés que la semaine prochaine, après l’audition mardi de Kim Kardashian.
En attendant, les enquêteurs se succèdent à la barre pour répondre aux questions. Chaque avocat choisit son angle d’attaque pour défendre son client. Quitte, parfois, à perdre le reste de la salle.
Les enquêteurs ont la certitude que les bijoux ont été revendus à Anvers, plaque tournante du diamant.
Le policier à la barre évoque les allers-retours de certains accusés en Belgique, notamment un rendez-vous de «quatre heures» dans une bijouterie, avec un curieux «manège» de diamantaires défilant dans la boutique. La police estime que, vu le montant, plusieurs bijoutiers se sont regroupés à plusieurs pour racheter le butin.
La veille, le président avait fait défiler à l’écran les photos des 24 bijoux déclarés volés. Entre égoportraits moue boudeuse avec une copine ou à l’opéra, couverture de magazine et photos de mariage avec Kanye West (ils sont depuis séparés), on y voit Kim Kardashian portant ses «boucles d’oreille en or blanc» — " là on est à 351 000 euros" —, ou son bracelet panthère Cartier «à 95 000 euros (148 532$ CAD)».
Ici encore, Kim Kardashian mangeant une barbe à papa munie de bracelets Hermès — «55 000, 94 000, 100 000, je crois» poursuit le magistrat au ton désabusé —, une montre Rolex en or, «trois prothèses dentaires décoratives en or et diamant». Et enfin «la fameuse bague évaluée à quatre millions de dollars».
«Qu’on comprenne bien quel a été le butin», dit le président.
Pendant l’enquête, Aomar Ait Khedache a uniquement reconnu la revente de 800 grammes d’or fondu (afin d’éviter que les bijoux ne soient reconnus), pour un montant de 25 à 28 000 euros (39 087$ - 43 778$ CAD), et de «petits éclats de diamants». Il a soutenu que l’équipe avait eu «trop peur» de revendre la bague trop facilement repérable et que l’un d’entre eux l’avait conservée, sans vouloir dire qui.