Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Procès des viols de Mazan: «L’avocate du diable» explique comment elle a pu «défendre l’indéfendable»

AFP
Partager

Agence QMI

2025-09-10T10:01:42Z
Partager

Surnommée «l’avocate du diable» pour son rôle à défendre l’accusé Dominique Pelicot dans le procès des viols en série de Mazan, Me Béatrice Zavarro se fait constamment demander comment elle a pu réaliser la tâche.  

«J'ai accepté parce que je suis avocate. J'ai été très claire: je défendais l'homme, pas ce qu'il avait fait. Je ne cherchais pas à justifier ses actes, mais à les expliquer. Je comprends que certains avocats aient pu refuser l'affaire, mais ma position était la suivante: j'ai prêté serment», a-t-elle expliqué en entrevue avec «The Guardian» mercredi. 

L’an dernier, le visage de l’avocate française de 55 ans avait fait les manchettes internationales alors qu’elle s’apprêtait à défendre l’un des pires prédateurs sexuels que la France ait connus. 

AFP
AFP

Dominique Pelicot, 72 ans, purge actuellement une peine de 20 ans de prison après avoir été reconnu coupable d’avoir orchestré le viol de sa femme, Gisèle Pelicot, par plus d’une cinquantaine d’hommes après l’avoir droguée. 

Mais ce n’est pas pour la publicité que Me Béatrice Zavarro a accepté le mandat, a-t-elle martelé au média britannique: à sa première rencontre avec l’accusé en 2021, elle n’avait alors aucune idée de l’ampleur que prendrait le dossier alors que la police parcourait encore les centaines de vidéos tournées par Pelicot. 

Publicité

Le septuagénaire avait initialement été arrêté par la police après avoir été surpris à filmer sous la jupe d’une femme dans un supermarché en septembre 2020, et c’est en fouillant son domicile que la police était tombée sur les milliers de photos et vidéos des viols de sa femme. 

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Francis Gosselin, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

«Au début, je ne savais pas exactement ce qu'il avait fait. On m'a donné la liste des accusations présumées et j'ai vu qu'il y avait pas mal d'infractions, mais je n'avais aucun détail. Ma première impression de lui était celle d'un grand-père, une sorte de père Noël», a poursuivi celle que plusieurs surnomment désormais «l’avocate du diable». 

«Il était visiblement intelligent et s'exprimait avec une clarté et une simplicité irréprochables. Lors de cette première rencontre, il m'a tout raconté», a-t-elle ajouté à «The Guardian». 

AFP
AFP

Mais même à ce moment-là, elle présumait que le procès se déroulerait à huis clos, sans la présence de la presse ni du public, a indiqué Me Zavarro.

Malgré celui qu’elle défendait, la femme est claire: «Gisèle Pelicot n’est pas mon ennemie». 

Dans son livre «Défendre l'indéfendable», l’avocate a par ailleurs confié sa rencontre avec la victime à qui elle avait voulu serrer la main et se présenter pour lui témoigner «tout le respect qu'elle m'inspirait».

«Je ne voyais pas pourquoi je serais la seule femme dans cette salle d'audience, dans ce district judiciaire, dans cette ville, dans ce pays, à ne pas lui rendre un hommage discret et silencieux», a-t-elle écrit, selon ce qu’a relevé le média britannique. 

Pour celle qui pourrait défendre à nouveau Dominique Pelicot, accusé de viol et de meurtre d’une agente immobilière à Paris en 1991 et de tentative de viol en 1999, il y a «un avant et un après Pelicot» qui a changé «beaucoup de choses, notamment une certaine façon de penser». 

AFP
AFP

«Personne n’oubliera ce procès [...] Aujourd'hui, j'entends parler de femmes victimes de viol qui comparaissent devant le tribunal et insistent pour que les audiences soient publiques "parce que Gisèle l'a fait", et d'hommes contraints d'examiner leur mentalité et leur comportement. L'affaire Pelicot a tout mis en lumière», a-t-elle conclu à «The Guardian». 

Publicité
Publicité