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Procès des viols de Mazan: Dominique Pelicot condamné à 20 ans de prison

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AFP

2024-12-19T10:37:26Z
2024-12-19T13:36:31Z
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La justice française a condamné jeudi Dominique Pelicot à la peine maximale dans le procès hors norme des viols en série en France, mais a prononcé des peines plus basses que celles réclamées par l’accusation pour ses 50 coaccusés, une décision que Gisèle Pelicot a affirmé «respecter». 

• À lire aussi: Procès des viols de Mazan: Gisèle Pelicot «respecte» la décision de la cour

Dans une brève intervention après le verdict, l’ex-épouse de Dominique Pelicot, 72 ans, devenue une véritable icône féministe depuis sa décision de refuser le huis clos à l’ouverture de ce procès historique, le 2 septembre, à Avignon (sud-est de la France), a aussi dit penser «aux victimes non reconnues» de violences sexuelles.

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Elle a aussi assuré avoir «confiance à présent» dans «un avenir dans lequel chacun, femme et homme, peut vivre en harmonie».

Sans surprise, son désormais ex-mari, Dominique Pelicot, 72 ans lui aussi, a été condamné à la peine maximale possible pour viols aggravés, soit 20 ans de réclusion criminelle, comme l’avait demandé l’accusation dans son réquisitoire à la fin novembre.

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Il était jugé pour avoir assommé d’anxiolytiques Gisèle Pelicot, pendant une décennie, pour en faire son objet sexuel et la livrer à des dizaines d’hommes recrutés sur internet.

Les enfants «déçus»

Ses 50 coaccusés, des hommes de 27 à 74 ans, ont tous également été déclarés coupables, le président Roger Arata égrenant une à une les peines infligées, sans aucun commentaire ou motivation, lors d’une dernière journée d’audience qui aura duré à peine plus d’une heure, concluant abruptement près de quatre mois de débats.

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La peine la plus basse, trois ans de prison, dont deux avec sursis, a été donnée à Joseph C., 69 ans, accusé d’«attouchements» sur Gisèle Pelicot. La plus lourde, de 15 ans de réclusion criminelle, a visé Romain V., 63 ans, venu six fois à Mazan pour violer Mme Pelicot. Dans son réquisitoire, fin novembre, l’accusation avait demandé 18 ans de réclusion contre lui.

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Le ministère public avait réclamé des peines de 10 à 18 ans de réclusion contre les 49 coaccusés jugés pour viols aggravés ou tentatives de viol. Au total, l’accusation avait demandé 652 ans de prison contre les 51 accusés, qui ont finalement été condamnés à 428 années derrière les barreaux.

Un verdict jugé trop clément par les enfants du couple Pelicot, David, Caroline et Florian, «déçus» de ces peines «basses» prononcées par les cinq magistrats professionnels de la cour criminelle de Vaucluse (sud-est), a déclaré à l’AFP un membre de la famille, qui a demandé l’anonymat.

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Si la Fondation des femmes a estimé qu’en reconnaissant tous les accusés coupables, «la justice a donné raison à Gisèle Pelicot» et que donc «la honte peut changer de camp», elle a dit «partager l’incompréhension et la déception face à certaines des peines prononcées, malgré les témoins et les preuves», ces milliers de photos et de vidéos des viols infligés à son épouse que Dominique Pelicot avait minutieusement stockées et légendées.

«Le combat contre l’impunité est loin d’être terminé», a commenté la fondation dans un communiqué.

«Le message envoyé, c’est “le viol, ce n’est pas si grave, c’est un sous-crime”», s’est également indignée Céline Piques, porte-parole de l’association Osez le féminisme!

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Dans la foule massée devant le tribunal, la colère était également forte. «Justice patriarcat», «arrêtons de demander justice, faisons justice», criaient certaines femmes. Signe de la tension extrême régnant en dehors du tribunal, un des six accusés repartis libres a été bousculé alors qu’il s’éloignait en compagnie de son avocat.

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Dominique Pelicot «hébété»

Selon son avocate, Me Béatrice Zavarro, Dominique Pelicot a été «quelque peu hébété» par la période de sûreté des deux tiers prononcée à son encontre, n’excluant pas un appel afin d’être rejugée, cette fois-ci devant «un jury populaire», comme c’est la règle après une première instance devant une cour criminelle, composée de magistrats professionnels.

En fin de matinée jeudi, le nombre d’accusés qui feront appel n’était pas encore connu, ceux-ci ayant 10 jours pour prendre cette décision. On ignorait également si le parquet ferait appel.

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Cette décision, dans un palais de justice d’Avignon sous haute protection policière, était scrutée de près, en France comme à l’étranger, tant ce procès a provoqué une onde de choc, depuis son ouverture, devenant emblématique des questions autour des violences sexistes et sexuelles, de la soumission chimique et du consentement et plus largement des rapports hommes-femmes.

Dans son réquisitoire, Laure Chabaud, l’une des deux représentantes du ministère public, avait espéré que la décision de la cour dépasse le sort de ces accusés et envoie «un message d’espoir aux victimes de violences sexuelles».

À l’inverse, les avocats de la défense ont formulé une trentaine de demandes d’acquittement pour leurs clients, qui, selon eux, ont été «manipulés» par le «monstre», le «loup» ou encore «l’ogre» Dominique Pelicot. Sans succès.

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La tension était palpable dans la salle d’audience, où un important dispositif policier avait été déployé. Reconnus coupables, plusieurs des 32 accusés ayant comparu libres devraient en effet dormir jeudi soir derrière les barreaux.

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Hors norme par sa durée, le nombre d’accusés, mais surtout l’atrocité des faits reprochés, ce procès a déjà marqué l’histoire.

Clôturant ce dernier chapitre, Gisèle Pelicot a quitté le palais de justice sous les «bravo» et les «merci», en écho à une immense banderole «Merci, Gisèle» accrochée aux remparts de la vieille ville d’Avignon, en face du tribunal.

Tous coupables 

Les 51 accusés du procès de Mazan ont tous été reconnus coupables jeudi des faits de viol, tentative de viol ou agression sexuelle sur Gisèle Pelicot qui leur étaient reprochés, et ont écopé de peines allant de trois ans de prison, dont deux avec sursis, à 20 ans de réclusion criminelle. 

Les peines prononcées par la cour criminelle de Vaucluse sont inférieures, parfois de moitié, à celles requises par l’avocat général. Six accusés sont repartis libres.

Voici les 51 accusés et leurs peines 

– Dominique Pelicot (détenu), 72 ans, retraité, a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté des deux tiers, pour viols aggravés sur son épouse et celle de Jean-Pierre M. C’est la seule peine conforme aux réquisitions.

– Jean-Pierre M. (détenu), 63 ans, retraité, condamné à 12 ans de réclusion criminelle (17 ans requis) pour viols aggravés sur son épouse.

– Joseph C., 69 ans, retraité, pour atteinte sexuelle (venu une fois): trois ans de prison, dont deux avec sursis (quatre ans requis)

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– Didier S., 68 ans, retraité (venu une fois): cinq ans, dont deux avec sursis (10 ans requis)

– Patrick A., 60 ans, profession non précisée (venu une fois): 6 ans (10 ans requis)

– Jacques C., 73 ans, retraité (venu une fois): 5 ans, dont trois avec sursis (10 ans requis)

– Hugues M., 39 ans, ex-carreleur, pour tentative de viol aggravé (venu une fois): 5 ans, dont deux avec sursis (10 ans requis)

– Andy R., 37 ans, au chômage (venu une fois): 6 ans (11 ans requis)

– Jean-Marc L., 74 ans, retraité (venu une fois): 6 ans (10 ans requis)

– Saifeddine G., 37 ans, routier, pour tentative de viol aggravé (venu une fois): trois ans, dont deux avec sursis (10 ans requis)

– Simone M., 43 ans, employé dans le BTP (venu une fois): 9 ans (10 ans requis)

– Philippe L., 62 ans, jardinier (venu une fois): 5 ans, dont deux avec sursis (10 ans requis)

– Paul G., 31 ans, ouvrier (venu une fois): 8 ans (10 ans requis)

– Ludovick B., 39 ans, magasinier (venu une fois): 7 ans (10 ans requis)

– Mathieu D., 53 ans, ex-boulanger (venu une fois): 7 ans (10 ans requis)

– Quentin H., 34 ans, gardien de prison (venu une fois): 7 ans (11 ans requis)

– Patrice N., 55 ans, électricien (venu une fois): 8 ans (12 ans requis)

– Husamettin D., 43 ans, travailleur dans le BTP (venu une fois): 9 ans (12 ans requis)

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– Cyrille D., 54 ans, employé dans le BTP (venu une fois): 8 ans (12 ans requis)

– Nizar H. (détenu), 41 ans, sans emploi (venu une fois): 10 ans (13 ans requis)

– Redouan E., 55 ans, infirmier libéral (venu une fois): 8 ans (12 ans requis)

– Boris M., 37 ans, agent d’exploitation dans une société de transport (venu une fois): 8 ans (12 ans requis)

– Cyril B., 47 ans, routier (venu une fois): 9 ans (12 ans requis)

– Thierry Pa., 54 ans, ex-maçon (venu une fois): 8 ans (12 ans requis)

– Omar D., 36 ans, agent d’entretien (venu une fois): 8 ans (12 ans requis)

– Jean T., 52 ans, couvreur (venu une fois): 8 ans (12 ans requis)

– Mahdi D., 36 ans, employé dans une société de transport (venu une fois): 8 ans (12 ans requis)

– Ahmed T., 54 ans, plombier (venu une fois): 8 ans (12 ans requis)

– Redouane A. (détenu), 40 ans, qui vivait de petits boulots (venu deux fois): 9 ans (12 ans requis)

– Lionel R., 44 ans, employé à l’espace culturel d’une grande surface (venu une fois): 8 ans (12 ans requis)

– Florian R., 32 ans, chauffeur livreur (venu une fois): 7 ans (13 ans requis)

– Grégory S., 31 ans, travailleur dans le BTP (venu une fois): 8 ans (13 ans requis)

– Abdelali D., 47 ans, cuisinier (venu deux fois): 8 ans (13 ans requis)

– Adrien L. (détenu), 34 ans, chef de chantier (venu une fois): 6 ans (13 ans requis)

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– Cyprien C., 44 ans, sans profession (venu une fois): 6 ans (13 ans requis)

– Karim S., 40 ans, informaticien dans une banque, pour viols aggravés (venu une fois) et détention d’images pédopornographiques: 10 ans (14 ans requis)

– Jean-Luc L. (détenu), 46 ans, ouvrier (venu deux fois): 10 ans (14 ans requis)

– Christian L. (détenu), 56 ans, pompier, pour viols aggravés (venu une fois) et détention d’images pédopornographiques: 9 ans, acquitté des faits de détention d’images pédopornographiques (14 ans requis)

– Thierry Po. (détenu), 61 ans, artisan frigoriste, pour viols aggravés (venu une fois) et détention d’images pédopornographiques: 12 ans avec injonction de soins (14 ans requis)

– Nicolas F., 43 ans, journaliste indépendant, pour viols en réunion sur Gisèle Pelicot (venu une fois) et détention d’images pédopornographiques: 8 ans (14 ans requis)

– Cendric V. (détenu), 44 ans, gérant dans un restaurant (venu deux fois): 9 ans (14 ans requis)

– Joan K. (détenu), 27 ans, militaire (venu deux fois): 10 ans (15 ans requis)

– Vincent C. (détenu), 43 ans, employé (venu deux fois): 10 ans (15 ans requis)

– Fabien S. (détenu), 39 ans, employé sur des chantiers d’insertion (venu une fois): 11 ans (16 ans requis)

– Hassan O., 30 ans, sous mandat d’arrêt et jugé in absentia pour viols en réunion aggravés sur Gisèle Pelicot (venu une fois): 12 ans (15 ans requis)

– Charly A. (détenu), 30 ans, intérimaire (venu six fois): 13 ans (16 ans requis)

– Cédric G. (détenu), 51 ans, technicien informatique, pour viols en réunion (venu une fois) et détention d’images pédopornographiques: 12 ans et interdiction définitive de toute activité en contact avec des mineurs (16 ans requis)

– Jérôme V. (détenu), 46 ans, employé dans un magasin d’alimentation (venu six fois): 13 ans (16 ans requis)

– Dominique D. (détenu), 45 ans, chauffeur routier (venu six fois): 13 ans (17 ans requis)

– Mohamed R. (détenu), 70 ans, retraité (venu une fois): 8 ans (17 ans requis)

– Romain V. (détenu), 63 ans, retraité (venu six fois): 15 ans (18 ans requis)

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