Procès des ex-joueurs d’Équipe Canada junior: des jurés se sont sentis «ridiculisés» par les avocats de la défense
Le jury est dissous et le procès se poursuit finalement devant juge seul

Erika Aubin
L’attitude de certains avocats de la défense au procès des cinq ex-joueurs d’Équipe Canada junior 2018 accusés d’agressions sexuelles sur une femme a mené à l'étonnante dissolution du jury vendredi.
Ce revirement ne met pas fin au procès hautement médiatisé, à London, en Ontario. Les avocats de la défense et de la Couronne en sont venus au consensus qu’il pourra se poursuivre devant la juge Maria Carroccia seulement.
Cela évite de tout recommencer, dont le témoignage de la plaignante. Rappelons qu’elle a été appelé à la barre durant neuf jours.
Cinq ex-joueurs de l’Équipe Canada junior 2018, Carter Hart, Michael McLeod, Dillon Dubé, Alex Formenton et Cal Foote, sont accusés d’avoir agressé sexuellement la femme âgée de 20 ans à l’époque, après une soirée arrosée.
Pas professionnel
Jeudi, la juge Maria Carroccia avait reçu une note du jury. Certains d’entre eux ont exprimé qu’ils se sentaient mal à l’aise à cause du comportement «inacceptable» des deux avocats qui représentent Alex Formenton.
«Plusieurs membres du jury ont l’impression que les avocats Daniel Brown et Hilary Dudding les jugent ou se moquent d'eux. Chaque jour, lorsque nous entrons dans la salle d’audience, ils nous observent, chuchotent entre eux et se tournent l’un vers l’autre en riant comme s’ils discutaient de notre apparence. Ce n’est pas professionnel et c’est inacceptable», disait la note.
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Selon la magistrate, cette situation inhabituelle affectait l’habileté des jurés à décider de la cause. Cela avait aussi des répercussions sur leur perception des accusés, alors qu’un jury se doit d’être impartial.
«Je sais que vous avez investi des semaines dans ce procès [...]. Je vous remercie pour votre temps. Vous êtes libres de partir», a dit aux 14 jurés la juge Maria Carroccia.
Une erreur d’interprétation
Dans une déclaration envoyée aux médias et rapportée par TSN, les avocats Brown et Dudding ont fait valoir qu’il s’agit «d’une regrettable erreur d’interprétation».
«Aucun avocat de la défense ne prendrait le risque de contrarier un juré, et rien n’est plus faux dans ce cas précis. [...] L’idée même qu’un avocat se moque d’un juré est illogique et va directement à l’encontre de notre objectif et de notre fonction», ont-ils écrit.
C’est la deuxième fois que l’ensemble de la cause passe près de dérailler. Un jour seulement après le début du premier procès, celui-ci avait avorté soudainement.
Car pendant une pause de dîner, une jurée a croisé dans un marché Me Dudding, qui lui aurait dit: «Il y a eu beaucoup de hochements de tête ce matin», à propos de la réaction du jury pendant la déclaration d’ouverture de la Couronne.
Une remarque interprétée comme «inappropriée» par la jurée, mais que l’avocate nie avoir faite.
Les médias n’avaient pas pu rapporter ces informations avant ce vendredi.
– Avec Antoine Lacroix
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