Procès de Steeve Gagnon: «Il trouvait que la société, c’était de la marde»
Un ami d’enfance de l’accusé a raconté sa dernière rencontre avec Gagnon, «deux ou trois semaines» avant le drame qui a fait trois morts en mars 2023


Pierre-Paul Biron
«Il trouvait que la société, c’était de la marde et que les médecins sont des bons à rien.» Un ami d’enfance de Steeve Gagnon a raconté au jury mardi sa dernière rencontre avec l’auteur de l’attaque au camion-bélier d’Amqui, survenue «deux ou trois semaines» avant le drame.
Julien Blanchette connaît Gagnon depuis l’école primaire.
Les deux amis d’enfance ont grandi à Saint-Léon-le-Grand, près d’Amqui, et ne se sont jamais perdus de vue même s’ils se sont un peu éloignés lors de leur passage à la polyvalente du coin.
Le témoin a raconté au jury que Steeve Gagnon a fait deux séjours en Colombie-Britannique, soit au début des années 2010, puis un autre entre 2019 et 2021. À son retour de ce dernier périple, M. Blanchet a admis que son ami avait changé. Rappelons que Gagnon est accusé d’avoir causé la mort de trois personnes en plus d’en avoir blessé plusieurs autres dans une attaque au camion-bélier à Amqui en mars 2023.

«Il a toujours été réservé. Mais quand il est revenu la dernière fois, j’avais trois enfants, on se voyait moins souvent, mais il était plus réservé à lui», a expliqué l’homme, précisant que Gagnon, qui n’a jamais eu de conjointe à sa connaissance, «feelait moins bien».
«Un peu comme les complotistes»
Son ami a mis le tout sur le compte de ses problèmes de dos, qui l’avaient forcé à un arrêt de maladie de son emploi de camionneur. S’en sont suivis des problèmes avec l’assurance-emploi et ses médecins.
«Les médecins ne trouvaient pas ce qu’il avait. Ils disaient que c’était lui le problème», a raconté Julien Blanchette.
Et la réponse de Steeve Gagnon?
«Il disait que c’était des bons à rien. Il trouvait que la société, c’était de la marde, le gouvernement aussi», a-t-il précisé.
Un voisin de l’accusé dans son immeuble de la rue Desbiens a aussi pris la barre mardi matin. Maxime Pineault a croisé Gagnon à quelques reprises et ce dernier lui a rendu de petits services. La veille du drame du 13 mars 2023, Steeve Gagnon a confié à son voisin avoir «des problèmes à arriver» parce qu’il n’avait pas reçu son chèque de chômage maladie.
Questionné par l’avocat de la défense, Me Hugo Caissy, M. Pineault a abordé brièvement un compte TikTok ouvert par Gagnon.
«Ça brassait un peu. C’était des affaires un peu comme les complotistes», a décrit le témoin.

Problèmes d’argent
L’ancien propriétaire de l’immeuble où vivait l’accusé ainsi que la responsable des paies de l’entreprise de transport pour qui il travaillait sont eux aussi venus parler des problèmes d’argent de Gagnon.

Avant mars 2023, l’homme de 40 ans avait toujours bien payé son petit deux et demi, mais Dave St-Laurent a expliqué ne pas avoir reçu d’argent dans les semaines précédant la tragédie du boulevard Saint-Benoît.
Gagnon devait aussi de l’argent à son ancien employeur pour le paiement de ses assurances collectives durant son arrêt de travail débuté en août 2022.
Lundi, des témoins experts ont défilé pour présenter l’ensemble des prélèvements faits sur les scènes du crime, ainsi que les éléments saisis dans l’appartement de Gagnon. Le technicien en identité judiciaire Sébastien Bernier a décrit le logement du suspect comme un «désordre généralisé».
Un calepin de notes, différentes feuilles manuscrites ainsi qu’une lettre de Service Canada concernant la fin des prestations d’assurances-emploi de Gagnon ont été photographiées par les autorités au moment de la perquisition dans sa résidence.

Un total de 40 témoins ont été entendus jusqu’à maintenant en poursuite dans ce procès où Steeve Gagnon fait face à trois chefs d’accusation de meurtre au premier degré et à deux autres chefs d’accusation de multiples tentatives de meurtre sur un total de neuf personnes.