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L'article provient de 24 heures

Procès de militants écologistes: il bloque un pipeline (et le pont Jacques-Cartier) pour «sauver des vies»

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Photo portrait de Andrea Lubeck

Andrea Lubeck

2024-11-21T17:47:50Z
2024-11-22T14:44:34Z
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Le militant Olivier Huard, qui a récemment escaladé le pont Jacques-Cartier, subit cette semaine un procès pour avoir bloqué un pipeline en 2022. Il se réjouit que le débat sur la crise climatique se tienne désormais devant un juge.

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Même si les procédures judiciaires qui en découlent sont «éprouvantes», ces actions illégales sont nécessaires face à la crise climatique, plaide Olivier Huard.

«Je vois difficilement comment on ne peut pas vouloir s’impliquer selon les capacités de chacun. J’ai toujours eu un grand sentiment de responsabilité envers les autres, ça m’a été enseigné quand j’étais jeune. Comme je peux agir, je dois agir», explique le militant qui avait occupé un terminal pétrolier de Valero pendant 24 heures en 2022.

Lui et les neuf autres coaccusés n’hésitent donc pas à faire des «sacrifices de temps, d’argent et même de [leur] liberté» pour la cause.

Débattre de la légitimité des actions

Olivier Huard trouve que c’est «très stimulant» de voir que le débat climatique se transporte dans la sphère judiciaire. 

«De mémoire, je pense que c’est la première fois au Québec qu’on peut débattre devant un juge de la légitimité des actions écologiques. Les débats sont de haute qualité, parce qu’on s’attarde à la qualité des arguments et leur pertinence. Il n’y a pas de louvoiement comme en politique», dit-il.

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Des militants du Collectif Antigone lors de l’action militante au terminal Valero, en octobre 2022.
Des militants du Collectif Antigone lors de l’action militante au terminal Valero, en octobre 2022. Photo François Guinaudeau, Collectif Antigone

«L’avantage [des tribunaux], c’est que la décision d’un juge peut influencer les législateurs. On sait qu’on est observés. C’est beaucoup plus porteur qu’une manifestation qui, malheureusement, est devenue un moyen d’action qui a moins d’impact qu’avant», ajoute le militant. 

Nécessaire de commettre des crimes?

Aux yeux des accusés, des actions comme bloquer un pipeline − ou le pont Jacques-Cartier − sont une manière de «sauver des vies», indique Me Barbara Bedont. C’est pourquoi ils invoquent une défense de nécessité dans leur cause.

«Ils en étaient rendus au point où ils pensaient que c’était la seule façon d’avoir un effet. Moralement, ils n’avaient pas d’autre choix que d’enfreindre la loi», précise l’avocate qui représente Olivier Huard.

Dans cette défense, l’accusé ne nie pas avoir commis les gestes qui lui sont reprochés. Mais il doit pouvoir démontrer qu’il se trouvait dans une situation d’urgence et qu’il n’y avait pas d’autre solution raisonnable et légale que d’enfreindre la loi. L’infraction commise doit aussi avoir été faite dans le but d’éviter un mal plus grand.

Par exemple, un médecin qui se fait intercepter pour avoir fait un excès de vitesse et brûlé des feux rouges alors qu’il devait se rendre à l’hôpital pour sauver une vie pourrait utiliser la défense de nécessité.

Olivier Huard dans une vidéo publiée alors qu’il avait grimpé dans la structure du pont Jacques-Cartier, en octobre dernier.
Olivier Huard dans une vidéo publiée alors qu’il avait grimpé dans la structure du pont Jacques-Cartier, en octobre dernier. Capture d'écran tirée de YouTube

«Rien n’a fonctionné»

Dans son témoignage, l’une des coaccusées a expliqué qu’avant de bloquer le terminal pétrolier, elle avait lancé des pétitions, participé à des manifestations, éduqué les gens et fait du lobbying auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU), mais que «rien n’a fonctionné» pour inciter les élus à agir, relate Me Bedont.

Des experts appelés à la barre ont également affirmé que l’urgence climatique présente des dangers imminents pour la nature et la santé humaine.

Une défense de nécessité mène rarement à un acquittement dans une cause qui concerne l’environnement.

La possibilité d’être reconnu coupable ne rebute toutefois pas Olivier Huard. «Le risque est l’essence même de l’activisme», dit-il. 

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