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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

«Je me sentais inconfortable et confuse»: la victime alléguée témoigne au procès pour agression sexuelle des ex-joueurs d’Équipe Canada junior

Il s’agit du témoignage le plus attendu de ce procès extrêmement médiatisé

Photos ANTOINE LACROIX et REUTERS
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Photo portrait de Antoine Lacroix

Antoine Lacroix

2025-05-02T16:50:01Z
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LONDON | La victime alléguée des cinq hockeyeurs d’Équipe Canada junior était très intoxiquée par l’alcool le soir où les agressions sexuelles seraient survenues, à tel point qu’elle ne conserve que de vagues souvenirs de son arrivée à l’hôtel avec l’un des joueurs.

« Il y avait des moments où je sentais de la pression de rester avec lui. [...] Mais c’était plus facile de suivre le mouvement que de dire non », a laissé tomber hier celle que l’on peut seulement désigner sous les initiales E. M. en raison d’une ordonnance de non-publication protégeant son identité.

À lire aussi: un autre témoignage marqué par des trous de mémoire

Le témoignage de la jeune femme dans ce procès hautement médiatisé était très attendu, au palais de justice de London.

Elle avait 20 ans au moment des faits reprochés à Michael McLeod, Dillon Dubé, Carter Hart, Alex Formenton et Cal Foote, en juin 2018.

Parlant avec un ton mesuré et un air parfois stressé, la victime alléguée a témoigné par visioconférence devant les jurés, mais tout en se trouvant dans l’édifice de 14 étages situé au centre de la ville ontarienne.

Elle a raconté hier comment elle a fait la connaissance du groupe de hockeyeurs dans un bar, mais a dû arrêter son récit à partir du moment où elle est arrivée à l’hôtel, où les événements seraient survenus.

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Boire pour être moins nerveuse

La victime alléguée a expliqué s’être rendue au Jack’s, un bar du centre-ville, avec des collègues de travail.

Elle a pris plusieurs shooters au cours de la soirée afin d’être « moins nerveuse », provoquant chez elle une « vision embrouillée » et faisant en sorte qu’elle était « moins consciente de son environnement ».

À un certain moment, elle a rencontré un individu et s’est mise à danser avec ce dernier, qu’elle a désigné comme étant « Mikey ». Plus tard, il a été identifié comme Michael McLeod, l’un des accusés.

« Après un certain temps, j’ai compris qu’ils étaient un groupe de gars qui jouent au hockey ensemble », a-t-elle raconté.

Plusieurs des coéquipiers ont dansé chacun leur tour avec elle et il y a eu certains contacts inappropriés, a-t-on pu voir, sur des images de caméra de surveillance.

Sur le plancher de danse, on voit l’un des individus lui tirer les cheveux, attachés en queue de cheval. Un autre l’a pris dans ses bras et l’a fait virevolter dans les airs avec des mouvements suggestifs.

Elle s’est aussi fait taper sur les fesses par l’un des jeunes du groupe.

Inconfortable et confuse

« Comme j’étais saoule, j’essayais de ne pas trop y penser, a précisé la jeune femme. Je me sentais inconfortable et confuse. »

Elle a évalué sa consommation d’alcool à près d’une dizaine de shooters, en plus de quatre ou cinq consommations supplémentaires, lorsqu’est venu le temps de partir.

« J’ai juste accepté que j’allais me retrouver à l’hôtel avec lui [Michael McLeod] », a-t-elle affirmé.

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Elle a dit ne presque pas se rappeler le court trajet en taxi pour ramener les deux au Delta de London.

Une affaire de consentement

Dans sa déclaration d’ouverture, la procureure adjointe à la Couronne Heather Donkers a demandé aux membres du jury de mettre de côté leurs préjugés et leurs idées préconçues concernant ce qui constitue une agression sexuelle.

«Il s’agit d’une affaire de consentement et, de manière tout aussi importante, de ce qui n’est pas un consentement. Il ne s’agit pas de savoir si E.M. a dit non ou s’est retirée d’une situation indésirable alors qu’elle en avait l’occasion», a-t-elle déclaré au jury composé de neuf femmes et de cinq hommes.

«Cette affaire porte sur la question de savoir si elle a volontairement accepté de se livrer à chacun des attouchements sexuels qui ont eu lieu au moment où ils se sont produits. À l’issue de ce procès, nous vous demanderons de déclarer chacun des cinq accusés coupable d’agression sexuelle, car ils ont agressé sexuellement E.M. sans son consentement.»

Jusqu’à 10 hommes dans la chambre

Il y aurait eu, à un moment, jusqu’à 10 hommes dans la chambre d’hôtel où se serait déroulé le viol collectif pour lequel cinq anciens joueurs d’Équipe Canada junior subissent leur procès à London, en Ontario, a aussi avancé la Couronne dans sa déclaration d’ouverture.

Elle a présenté une partie des faits allégués qui risquent d’être entendus dans les deux prochains mois et pour lesquels Michael McLeod, Carter Hart, Cal Foote, Alex Formenton ainsi que Dillon Dubé sont accusés d’agression sexuelle.

Le témoignage d’E.M. reprend lundi matin au palais de justice de London. Le Journal sera présent sur les lieux.

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