Procès civil l’opposant à neuf femmes: Gilbert Rozon exaspéré à son deuxième jour de contre-interrogatoire
La juge Chantal Tremblay a dû le rappeler à l’ordre à quelques reprises

Camille Payant
Le fondateur de Juste pour rire semblait exaspéré et cinglant au deuxième jour de son contre-interrogatoire, alors que l’avocat des neuf femmes qui lui réclament 14M$ pour des agressions sexuelles tente de l’acculer au pied du mur.
«J’ai eu de la compassion pour beaucoup de ces femmes: enfances difficiles, drogue, abus sexuels, violences dans les familles. Mais je suis devenu le bouc émissaire pour laver ou justifier leur passé», s’est emporté Gilbert Rozon, lundi en fin d'après-midi.
L’ex-magnat de l’humour, qui est à la barre des témoins depuis maintenant huit jours, était attendu à son arrivée au palais de justice de Montréal par des dizaines de manifestantes venues soutenir les victimes alléguées.
Il semblait ensuite avoir moins de patience devant les questions de Me Bruce Johnston, l’avocat de celles qui accusent Rozon d’agressions sexuelles.
La juge Chantal Tremblay a même dû le rappeler à l’ordre à plusieurs reprises.
«Vous ne répondez plus factuellement aux questions qui vous sont posées» ou «la question est très simple, je vous prie d’y répondre», est notamment intervenue la magistrate.
Des «conneries»
Gilbert Rozon a reconnu avoir «trop aimé les femmes», comme il l’avait affirmé à l’émission de télévision On prend toujours un train pour la vie, en 2011.
Peu après avoir plaidé coupable à une accusation d’agression sexuelle en 1998, le fondateur de Juste pour rire aurait indiqué à l’animateur Josélito Michaud: «Je paie pour celle-là, mais j’aurais pu payer pour bien d’autres avant».
Selon lui, cela faisait référence à des «conneries» telles que la consommation de drogue et la conduite avec les facultés affaiblies, et non pas à des agressions sexuelles.
Après cette période, il a consulté «ici et là» des psychologues, des curés et des chanoines «pour avancer sur lui-même».
Mais son plus grand thérapeute a été l’ancien premier ministre du Québec Pierre Marc Johnson, a affirmé M. Rozon. L’ancien chef du Parti Québécois est d'ailleurs venu à la défense de son «ami» le mois passé.
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Plus le même consentement
Gilbert Rozon a affirmé que les notions de consentement avaient changé depuis les années 1990.
«Avant, non, c’était non, et oui, c’était oui. Vingt-cinq ans plus tard, oui, ça ne veut pas nécessairement dire oui. Il faut un document signé», a-t-il expliqué devant une salle d’audience pleine à craquer.
Gilbert Rozon a avoué avoir eu des relations sexuelles avec environ 200 femmes. C’est pourquoi il y a parfois «des vases communicants» entre certaines histoires, a-t-il avoué à la cour.
Mais il a juré avoir «un souvenir extrêmement simple» de la soirée où il avait «fait l’amour» avec la réalisatrice Lyne Charlebois. Lors de son témoignage, elle a plutôt mentionné avoir «eu la peur de sa vie» lorsque Gilbert Rozon l’avait «violée».
Le contre-interrogatoire de Gilbert Rozon se poursuivra mardi pour une troisième journée. Il se fera alors questionner sur sa version des faits au sujet des autres allégations sexuelles.