Procès civil l’opposant à neuf femmes: Gilbert Rozon donne enfin sa version des faits

L’ex-magnat de l’humour Gilbert Rozon a finalement commencé son témoignage très attendu lundi après-midi, lui qui doit se défendre contre les allégations de neuf femmes qui lui réclament 14 M$ pour des agressions sexuelles.

C’est devant une salle d’audience remplie que le fondateur de Juste pour rire a entrepris son témoignage attendu depuis le début du procès amorcé il y a déjà six mois.

Gilbert Rozon a commencé par relater son enfance à Saint-André-d’Argenteuil, dans les Laurentides, où il a rapidement développé un esprit entrepreneurial.

Il est devenu fossoyeur à 13 ans, a organisé et vendu des spectacles, a été imprimeur et a même créé des bottins d’annonceurs régionaux.

«Mon père voulait que je sois député ou avocat, ma mère, curé. Ce n’étaient pas des options qui m’excitaient beaucoup», a précisé Gilbert Rozon.

Malgré son amour du spectacle, il est tout de même allé étudier en droit à la fin des années 1970.

Et à la fin de son parcours universitaire, il a créé «avec une claque pis une bottine» La Grande Virée à Lachute.

«Personne ne s’attendait à un succès comme ça. [...] Tout à coup, je devenais une sorte de coqueluche du spectacle», a mentionné l’ex-magnat de l’humour, précisant que cela lui était «monté un peu à la tête».

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De fil en aiguille, ce festival a mené à la fondation de Juste pour rire, en 1982. Gilbert Rozon croulait alors sous les dettes.

«Juste pour rire a été dès le départ un succès, selon son fondateur. On a pu payer tout le monde.»

Question centrale

L’homme d’affaires de 70 ans n’a pas encore abordé la question centrale de ce procès civil: les nombreuses allégations à caractère sexuel qui pèsent contre lui.

Lyne Charlebois, Anne-Marie Charette, Annick Charette, Patricia Tulasne, Sophie Moreau, Danie Frenette, Guylaine Courcelles, Marylena Sicari et Martine Roy affirment avoir été agressées sexuellement ou violées, entre autres, entre 1980 et 2004.

Dans les derniers mois, sept autres femmes, dont Julie Snyder, Salomé Corbo, Pénélope McQuade et l’ex-conjointe de Rozon Véronique Moreau, ont aussi décrit les abus qu’elles auraient subis pour ajouter du poids à la théorie des faits similaires mise en preuve.

Gilbert Rozon viendra témoigner avoir eu des relations consentantes avec trois des femmes qui le poursuivent. Les autres dénonciations seraient «des histoires invraisemblables», avait annoncé son avocate, M^e Mélanie Morin, au tout début du procès.

Avances refusées

Plus tôt lundi, une ancienne employée de Juste pour rire a témoigné avoir refusé à deux reprises les avances de son patron.

«Je ne vois pas cet homme comme un agresseur dans ma vie. [...] J’ai du mal à l’imaginer agressif», a souligné Louise Thériault.

Elle a décrit l’ex-magnat de l’humour comme un homme «élégant et respectueux», qui a toujours respecté ses limites. Et elle a affirmé être venue témoigner en sa faveur par «loyauté» envers la famille Rozon.

Le témoignage de Gilbert Rozon doit se poursuivre jeudi.