Procès civil l’opposant à neuf femmes: Gilbert Rozon livrera sa version des faits aujourd’hui
Le fondateur de Juste pour rire témoignera finalement après six mois de procès et après avoir entendu 16 femmes raconter comment il les aurait agressées sexuellement

Camille Payant
Après six mois de procès et après avoir entendu 16 femmes raconter comment il les aurait agressées sexuellement, le fondateur de Juste pour rire, Gilbert Rozon, devrait finalement livrer sa version des faits lundi.
L’ex-magnat de l’humour a été présent au palais de justice de Montréal chaque jour d’audience depuis l’ouverture du procès civil, le 9 décembre dernier.

Il n’a jamais bronché lorsqu’il a entendu les témoignages de Lyne Charlebois, Anne-Marie Charette, Annick Charette, Patricia Tulasne, Sophie Moreau, Danie Frenette, Guylaine Courcelles, Marylena Sicari et Martine Roy. Les neuf femmes réclament à Gilbert Rozon environ 14 M$ pour des agressions sexuelles et des viols, entre autres.
«J’ai l’impression d’être passée à côté de ma vie, d’avoir dû travailler sur ma guérison plutôt que sur ma vie, ma carrière ou ma famille», a notamment souligné, le trémolo dans la voix, Mme Courcelles.

Et le fondateur de Juste pour rire est resté de marbre quand sept autres femmes, dont Julie Snyder, Salomé Corbo, Pénélope McQuade et son ex-conjointe Véronique Moreau, ont décrit les abus qu’elles auraient subis pour ajouter du poids à la théorie des faits similaires mise en preuve. En tout, 42 témoins ont été entendus en poursuite.
Dans la foulée du mouvement #MoiAussi en 2017, une dizaine de femmes avaient porté plainte à police. Mais seule celle d’Annick Charette a mené à des accusations. Et au terme d’un procès criminel, Gilbert Rozon a finalement été acquitté en raison du doute raisonnable.
Il nie tout
L’homme d’affaires de 70 ans nie l’intégralité des allégations qui pèsent contre lui dans le cadre de ce procès civil. Il viendra témoigner avoir eu des relations consentantes avec trois des femmes qui le poursuivent. Les autres dénonciations seraient «des histoires invraisemblables», a annoncé son avocate, Me Mélanie Morin, au tout début du procès.
Le témoignage de Gilbert Rozon est prévu pour sept jours, échelonnés sur plusieurs semaines.
L’ancien premier ministre du Québec Pierre-Marc Johnson, le metteur en scène Serge Postigo et l’auteur Guy Fournier, qui est également chroniqueur au Journal, devraient éventuellement aussi prendre la barre à la demande de la défense.
Nouvelle loi
Le procès a été marqué par de nombreuses pauses et reports. Une nouvelle loi améliorant l’accès à la justice pour les victimes d’agressions sexuelles a été adoptée quelques jours seulement avant le début du procès.
Les avocats des partis et la juge Chantal Tremblay sont ainsi les premiers à voir à son application concrète. L’ex-magnat de l’humour s’est même adressé d’urgence en mars au plus haut tribunal du Québec, arguant ne pas pouvoir se défendre contre des mythes et stéréotypes mis en preuve par les victimes alléguées.
La Cour d’appel a finalement mis un terme aux procédures un mois plus tard, permettant ainsi au procès de reprendre.
Luce et Lucie Rozon, sœurs et collègues du fondateur de Juste pour rire, ont ensuite été les premières à venir à sa défense.
«Faire des compliments, ce n’est pas illégal, a lancé Lucie Rozon. Je n’ai jamais jamais eu connaissance qu’il ait commis des gestes déplacés.»

«Jamais je n’aurais accepté de travailler avec ou pour quelqu’un qui avait des comportements violents ou abusifs», a poursuivi sa sœur jumelle, Luce.
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