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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Procès à haut risque pour Fox News après les mensonges sur la présidentielle américaine de 2020

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2023-04-13T01:55:37Z
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Fox News devra-t-elle payer une addition salée pour avoir donné crédit à la fausse théorie d’une élection présidentielle américaine truquée en 2020 ? La sélection du jury doit démarrer jeudi au procès de la chaîne phare des conservateurs, poursuivie par une entreprise de machines de vote électronique. 

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«Les enjeux sont très importants pour Fox News. Si elle est jugée coupable de diffamation, la chaîne risque potentiellement de devoir payer aux alentours d’un milliard de dollars», résume à l’AFP Nicole Hemmer, professeure associée d’histoire à l’université Vanderbilt et spécialiste des médias.

«Ce n’est pas assez pour la mettre en banqueroute, mais suffisant pour avoir de réels effets sur ses plans futurs et sa santé financière globale», ajoute-t-elle à propos de la perle de l’empire du magnat Rupert Murdoch, caisse de résonance des batailles idéologiques des conservateurs.

Au total, l’entreprise Dominion Voting Systems, qui opérait dans 28 États durant l’élection de 2020, réclame 1,6 milliard de dollars de dommages et intérêts devant un tribunal civil de l’État du Delaware (est) à la chaîne la plus regardée du câble américain et à sa maison mère, Fox Corporation.

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Condamnations rares

Une somme faramineuse, mais à la hauteur selon elle du préjudice pour avoir été présentée sur Fox News comme «le méchant» d’une «histoire fabriquée de toutes pièces» après la présidentielle de 2020 perdue par Donald Trump, écrit-elle dans sa plainte.

Dans une ambiance tendue, Donald Trump accusait sans preuve le camp Biden de fraudes en tout genre. Ses conseillers, Rudy Giuliani et Sidney Powell, pointaient Dominion du doigt sur Fox News, présentant l’entreprise comme liée au régime d’Hugo Chavez au Venezuela.

Le procès sera suivi de près aux États-Unis, où il est vu comme un test pour la liberté d’expression, protégée par le premier amendement de la Constitution, mais aussi pour la lutte contre la désinformation.

Le dossier est jugé solide et l’entreprise a déjà remporté une manche quand le juge Eric Davis a déclaré dans une ordonnance du 31 mars qu’il était «clair comme de l’eau de roche qu’aucune affirmation sur Dominion lors de l’élection de 2020 (n’était) vraie».

Mais les condamnations des médias pour diffamation sont rares aux États-Unis, car le plaignant doit établir une volonté délibérée de répandre de fausses informations dans le but de lui nuire.

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Le jury devra se prononcer à l’unanimité pour déclarer Fox News coupable, après des audiences qui devraient voir les principales vedettes de la chaîne témoigner. Dominion Voting Systems a aussi cité comme témoin le fondateur de Fox Corporation Rupert Murdoch, 92 ans, et son fils, le PDG Lachlan Murdoch.

«Fou»

Régulièrement accusée d’être une caisse de résonance pour des théories conspirationnistes, Fox News veut faire du procès un cas emblématique de la liberté de la presse.

Pour la chaîne, il était légitime de donner la parole au camp Trump quand il contestait le vote et «essentiel pour la recherche de la vérité» de laisser s’exprimer toutes les parties.

Mais l’affaire a donné lieu à un déballage embarrassant pour Fox News, avec la publication d’échanges de courriels ou de SMS montrant qu’au sein de la chaîne et de sa maison mère Fox Corporation, on ne croyait guère au scénario d’une élection truquée, jusqu’au grand patron Rupert Murdoch.

Un «truc vraiment fou. Et dommageable», écrivait-il ainsi dans un courriel intitulé «En train de regarder Giuliani !», à la patronne de Fox News, Suzanne Scott.

Les nombreux messages, obtenus dans le cadre de la procédure et émanant aussi de vedettes de la chaîne, comme Tucker Carlson ou Laura Ingraham, sont au cœur de l’argumentaire du plaignant, selon qui Fox News mentait à dessein, pour ne pas perdre ses téléspectateurs.

La chaîne accuse au contraire Dominion Voting Systems d’avoir procédé à une sélection tronquée et biaisée.

La sélection du jury doit se terminer cette semaine, avant que les débats ne commencent réellement lundi.

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