Problèmes de production, incidents et enquêtes: Boeing en pleine turbulences
AFP
Le constructeur aéronautique américain Boeing cumule, depuis plus d'un an, divers problèmes de production et des incidents sur des avions en exploitation, qui ont entraîné l'ouverture d'audits et d'enquêtes tous azimuts, et provoqué le départ de son patron fin 2024, annoncé lundi.
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Voici la situation que son successeur, non encore désigné, va devoir gérer.
Problèmes de production
L'avionneur a subi tout au long de l'année 2023 des retards de production et de livraison du 737, son avion-vedette, à cause de problèmes de fabrication.
En avril, Boeing signale des défauts sur des pièces fournies par son sous-traitant Spirit AeroSystems pour «la partie arrière du fuselage» de certains appareils.
Quelques mois plus tard, l'avionneur évoque un problème sur une cloison étanche nécessitant l'inspection de «centaines de trous».
Fin décembre, il prévient d'un risque de «boulon desserré» sur le système de contrôle du gouvernail.
Le constructeur avait, auparavant, dû suspendre plusieurs fois les livraisons du long-courrier 787 pour des défauts de fabrication et d'inspection.
Incident révélateur
Début 2024, ces problèmes de production se répercutent sur l'exploitation.
Le 5 janvier, un 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines reliant Portland (Oregon) à Ontario (Californie) perd une porte-bouchon en vol. Ce dispositif condamne une issue de secours lorsqu'il y en a suffisamment au regard du nombre de sièges.
Dans la foulée, le régulateur américain de l'aviation civile, la FAA, cloue au sol les 737 MAX 9 disposant de cette configuration - 171 sur 218 livrés - et lance un audit sur la qualité contrôle du constructeur.
Le rapport préliminaire de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB), publié le 6 février, indique que «quatre boulons prévus pour empêcher que la porte-bouchon ne se déplace vers le haut étaient manquants».
Ces boulons ont été retirés à l'usine de Renton (État de Washington) avant la livraison de l'avion, en octobre, pour remplacer des rivets endommagés.
«Boeing nous a informés ne pas être en mesure de trouver de documentation répertoriant ces opérations», indique la NTSB le 13 mars.
De son côté, Boeing lance une enquête interne et engage des actions pour améliorer ses procédures de sécurité et de qualité.
Contrôles défaillants
L'audit de la FAA identifie des «problèmes de non-conformité dans le processus de contrôle de fabrication, la manipulation et le stockage des pièces détachées et le contrôle de la production» chez Boeing et Spirit AeroSystems.
Boeing doit lui remettre, dans les 90 jours, un «plan d'action complet» pour remédier à ces problèmes ainsi qu'à ceux relevés par une commission d'experts indépendants.
La mission de cette commission découle d'une loi de 2020 adoptée après deux accidents de Boeing 737 MAX 8 en 2018 et en 2019, qui ont fait 346 morts. Les experts ont mené leurs investigations entre mars 2023 et février 2024.
Selon eux, le dispositif de Boeing en matière de sécurité présente des lacunes. Ils relèvent notamment des procédures «complexes» semant parfois la «confusion» chez les salariés. Ils édictent 53 recommandations.
La FAA gèle également la cadence de production du 737 MAX, jusqu'à ce qu'elle estime effectués les changements requis.
Enquêtes
Selon des médias américains, outre les investigations des régulateurs, le ministère de la Justice a ouvert une enquête pénale sur l'incident du 5 janvier.
Le Seattle Times a indiqué samedi que ses passagers avaient reçu un courrier de la police fédérale (FBI) signalant qu'ils avaient été «identifié(s) comme une victime possible d'un crime» et qu'une «enquête criminelle» était en cours.
Par ailleurs, une enquête a été lancée en Nouvelle-Zélande après qu'un 787 Dreamliner de Latam a soudainement perdu de l'altitude, blessant une cinquantaine de personnes.
Série noire
Dans ce contexte, les incidents survenant sur des Boeing ont été particulièrement scrutés aux États-Unis et, certains ont entraîné l'ouverture d'enquêtes des régulateurs.
Boeing a souligné que plusieurs étaient survenus sur des appareils anciens, dont la maintenance était du ressort de la compagnie aérienne.
Le 18 janvier, un 747 cargo d'Atlas Air se pose en urgence à Miami (Floride) après un «incendie de moteur» peu après son décollage.
Fin février, des pilotes d'United Airlines signalent que les pédales de gouvernail de leur 737 MAX sont bloquées, après leur atterrissage à Newark (New Jersey).
Le 4 mars, un Boeing 737 retourne se poser à Houston (Texas) à cause d'un problème de moteur. Selon des médias, du plastique d'emballage à bulles a été aspiré par un moteur et des flammes en sont sorties.
Le 7 mars, un Boeing 777 atterrit en urgence à Los Angeles (Californie) après avoir perdu un pneu au décollage.