Combien ça vaut, un agriculteur qui passe la nuit dans son camion pour surveiller son champ de fraises?

Chaque juin, on retrouve le goût savoureux de la fraise du Québec. Après le homard et les asperges, on a une nouvelle raison de s’exciter dans les étalages des épiceries. Un casseau de fraises fraîches, de la chantilly sur un gâteau blanc, et nous voilà pas loin du paradis.

C’est inéluctable. Ce grand bonheur revient à chaque fin de printemps.

Et ceux qui chialent sur le prix des fraises aussi.

Le mirage des «loss leaders»

Pour nous persuader d’entrer dans leurs magasins, les grandes chaînes ont développé des armes redoutables: les circulaires. Les gros rabais de couverture avec lesquels l’épicerie ne fera pratiquement pas une cenne. Ces jours-ci, les fraises sont un appât particulièrement juteux. Elles seront vendues à perte, mais pour le client, c’est un sacré bon deal.

Évidemment, qui bouderait un tel prix de vente?

Le problème, c’est que ça ne reflète aucunement la valeur du produit.

Des voleurs

Comment un producteur peut-il ensuite tenter de vendre ses fraises au juste prix sans passer pour un voleur?

Ça, c’est le résultat d’une profonde déconnexion avec notre agriculture et celles et ceux qui nous nourrissent pour vrai.

Veiller sur ses fraises la nuit

Toutes les semaines, je passe quelques heures à jouer dans la terre d’une petite ferme diversifiée de ma région. On y cultive des légumes et un immense champ de fraises. Dernièrement, notre petit côté nordique s’est manifesté. Le fret a repris nos nuits avec des risques de gel au sol. Une véritable menace pour la fraisière en fleur.

Le patriarche de la ferme a donc veillé sur ses champs jusqu’au petit matin, afin d’être certain que le système d’aspersion chargé de protéger les plants resterait bien en marche jusqu’au lever du soleil.

Ça a duré trois nuits.

Combien ça vaut, un agriculteur qui passe la nuit dans son camion pour surveiller son champ de fraises?