«Ça porte à confusion»: des Québécois exaspérés par les prix mal affichés et les pourboires gonflés
Des clients de supermarchés et de restaurants ont salué le nouveau projet de loi caquiste jeudi

Francis Halin et David Descôteaux
Des Québécois qui n’en peuvent plus de devoir sortir leur calculatrice dans l’allée de l’épicerie pour arriver à déchiffrer les prix affichés et qui sont choqués par les pourcentages excessifs de pourboire au restaurant sont contents de voir le Québec enfin légiférer.
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«Ça porte à confusion. Dans l’alimentation, tout est très cher», lance Sylvie Gauthier, une retraitée rencontrée dans l’allée d’un Costco de la Rive-Sud de Montréal, jeudi.
«Ils réduisent les formats, mais les prix sont les mêmes, donc c’est à peu près la même logique», observe-t-elle en disant qu’afficher des prix pour des quantités différentes, côte à côte, peut mêler le consommateur.
Dans son projet de loi 72, déposé jeudi à l’Assemblée nationale par le ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette, Québec a promis de faire le ménage en épicerie.

Aliment taxable, prix membre, prix par unité de mesure, achat multiple... l’État québécois veut montrer les dents pour que l’affichage des prix soit plus simple.
Par exemple, chez Costco jeudi, le client avait le choix entre des tomates à 7,99$ le paquet (à 0,012$ le gramme) ou à 7,49$ le paquet (à 0,943$ le 100 grammes).

Pourquoi mettre sur les étals deux paquets de tomates, l’un avec le prix par gramme et l’autre à côté avec le prix par 100 grammes?
«Nous allons réviser le projet de loi une fois que nous recevrons une copie finale. Le prix par 100 grammes est indiqué afin de permettre à nos membres de comparer les prix d’un item à d’autres. Pas d’autres commentaires», coupe court Costco lorsqu’interrogé par Le Journal.
Ras-le-bol des pourboires
Dans son projet de loi, Québec veut aussi forcer les marchands à calculer le pourboire avant les taxes et à présenter les choix de montant plus clairement qu’avant.
«Quand c’est rendu que l’on doive donner 6$ pour un sandwich à 20$, c’est un peu exagéré», dénonce à voix haute William Hughes, propriétaire de Services routiers WH.

«Il y a des places où les employés ne méritent pas de pourboire. Quand tu vas chercher la marchandise et que tu l’envoies au comptoir en avant: “Excuse-moi, non, tu n’en mérites vraiment pas”», poursuit-il.
«C’est affreux»
À quelques tables de là, Charles St-Germain, étudiant à l’Université de Montréal, en avait aussi marre. «C’est affreux», soupire-t-il.

«Je suis allé dans un restaurant récemment et on n’avait pas l’option de ne pas laisser de pourboire. La machine nous obligeait de laisser absolument 18% au minimum», se souvient-il.
Même des serveurs sont d’accord
«Partir l’option de pourboire à 18%, ça n’a pas de bon sens», lance Michael, serveur dans un restaurant à Repentigny. «Chez nous la première, c’est 15% et on le laisse aussi mettre le montant qu’il veut», ajoute-t-il.
Comme client lui-même, il se dit irrité par la situation actuelle. «Quand je vais à des endroits où on commande seulement debout [take-out], ils demandent aussi de 15% à 20% de pourboire. Ça n’a pas de bons sens. On ne se fait pourtant pas servir à la table!»

En comparaison, dit-il, lui-même va voir ses clients cinq à dix fois par repas. «Je leur apporte le menu, je leur apporte de l’eau, l’entrée, etc.»
Personne n’est obligé de donner un pourboire, rappelle-t-il. Ce n’est pas une obligation. «Ça va avec une appréciation du service», conclut-il.
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