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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Prières de rue: prière de ne pas banaliser

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Photo portrait de Philippe Léger

Philippe Léger

2025-09-03T04:00:00Z
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Une chose n’empêche pas l’autre. 

La CAQ fait certainement preuve d’opportunisme politique dans sa volonté de bannir les prières de rue. Bien sûr.

Besoin de détourner l’attention du fiasco SAAQclic? Besoin de se relancer dans l’opinion publique? On sort la boîte à outils laïque et on visse un nouveau boulon.

Mais x n’égale pas nécessairement y.

Ce n’est pas parce que c’est stratégique de la part de la CAQ (x) que cela invalide le bien-fondé d’une interdiction (y).

Ce n’est pas parce que les prières de rue ne sont pas généralisées et strictement montréalaises (x) qu’on ne doit pas agir (y).

On peut légiférer sur la base de principes.

Et donc, même opportuniste, le gouvernement Legault a raison de vouloir mieux baliser, voire interdire, les prières de rue.

D’où ça part?

Plantons le décor.

Montréal a vu apparaître un nouveau phénomène: des manifestations propalestiniennes, principalement celles de l’organisation Montreal4Palestine, se transforment en prière collective.

Déjà, voir une manifestation politique se muer en un rituel religieux a quelque chose d’inconfortable.

On entre dans le domaine du politico-religieux. Ce qui, à l’échelle de l’histoire, est rarement une chose heureuse.

Le cocktail devient Molotov quand on sait que la plupart de ces prières de rue se déroulent, oh hasard, devant la basilique Notre-Dame à Montréal.

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• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Imaginez un instant si des catholiques se rendaient prier, devant une mosquée. Que dirait-on? Et que dit-on des manifestants catholiques devant les cliniques d’avortement? On dit que c’est détestable. À juste titre.

Ce type de provocation est celle d’agitateurs islamistes qui nuisent grandement à la communauté musulmane. Le croyant voulant pratiquer sa foi, de bonne foi, ne se rend pas devant les lieux d’un autre culte le dimanche matin.

L’un des organisateurs de ces manifestations, Bara Abuhamed, nous rassure qu’il n’y a aucune intention malhonnête là-dedans. Ah bon. Prière de ne pas être naïf devant les propos d’un homme qui a célébré les massacres du 7 octobre comme une libération, et laisse défiler dans ses manifs des appels à l’éradication d’Israël, tout ça en treillis militaire.

La cause palestinienne, aussi juste soit-elle, et la situation à Gaza, aussi inhumaine et inacceptable soit-elle, n’ont pas à être ici transformées en une cause religieuse, et encore moins en un affrontement religieux et politique.

Élargissons le portrait

Revenons aux prières de rue plus largement.

L’espace public n’a pas à être soumis à une sorte d’anarchie où on organise des prières, sans permis et sans autorisation, au nom des libertés individuelles et de la pratique d’une religion.

C’est une conception de la religion qui est en jeu ici, où toute restriction est impensable car elle serait une atteinte aux libertés.

Si des prières, rassemblements, marches veulent être organisés, il y a des endroits pour le faire et des lois à respecter.

Nous ne sommes pas un village gaulois. Allez voir en Europe où les prières de rue se multiplient. Là-bas, les politiciens sont passés du déni du problème au dépit.

Que le gouvernement Legault ne fasse pas dans le déni, je le salue.

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