Près de deux ans d’attente pour apprendre à gérer sa covid longue... en ligne


Alice Fournier
Une jeune femme de 30 ans atteinte de covid longue a dû patienter un an et sept mois avant de pouvoir accéder au service de la clinique de covid longue du CIUSSS de la Capitale-Nationale. Après toute cette attente, elle recevra... des séances de groupe en ligne.
«Il faut soit en rire, soit en pleurer», lâche Camille Murray, à bout de souffle, en entrevue à 24 heures.
Depuis que son médecin l’a référée au service de Covid longue du CIUSSS Capitale-Nationale (CIUSSS CN) en 2023, Camille n’a pu compter que sur un courriel avec des vidéos de sensibilisation sur ses symptômes. Mais pour elle, même rester cinq minutes devant un écran, c’est énergivore.
Les services qu’on lui propose maintenant ne sont pas très différents. La lettre qu’elle a reçue le mentionne clairement: «Les services offerts consistent à recevoir 5 rencontres de groupe de 8 à 10 personnes en visioconférence sur une période de 12 à 15 semaines.»
«Ce n’est pas de la prise en charge ça...», tranche la nutritionniste.
La jeune femme, qui avait pris l’initiative de contacter des spécialistes elle-même en attendant, pense qu’elle «serait dans un état bien pire aujourd’hui» si elle n’avait pas fait des séances de physiothérapie et d’autres consultations connexes.
«Si c’est ça qu’ils vont m’offrir, honnêtement, je ne m’attends à rien d’autre d’eux», poursuit-elle.
Pas d’évolution
Toujours en arrêt maladie depuis 2023, son quotidien dépend de la covid longue. Elle fait partie de ces milliers de travailleurs en santé qui en subissent encore les symptômes.
«À un moment donné, je ne mangeais plus, je ne dormais plus», confie Camille Murray.
Son frère, qui vient souvent la visiter, a lancé un cri du cœur sur les réseaux sociaux pour témoigner du quotidien qu’elle vit.
«Deux longues années passées enfermées chez elle, ou peut s’en faut, à se déplacer avec une canne ou en fauteuil roulant, sans pouvoir travailler, sans pouvoir sortir, sans pouvoir même lire plus de cinq ou dix minutes sans être affligée de vertiges ou de migraines...», a-t-il écrit.

Délai moyen de plus d’un an
Selon le CIUSSS CN, le temps d’attente pour les services liés à la Covid longue a toujours été en augmentation depuis leur mise en place en juin 2023. À l'heure actuelle, environ 1300 usagers sont sur les listes d’attente des cliniques de Covid longue.
«Le délai moyen dépasse encore un an, mais nous prévoyons de le résorber dans les prochains mois», a indiqué la porte-parole, Mariane Lajoie, à 24 heures.
La clinique de Covid longue propose d’améliorer la qualité de vie des personnes souffrant de cette maladie, d’outiller les patients sur l’autogestion des symptômes, de proposer des services psychosociaux ou encore de rediriger les usagers vers d’autres ressources au besoin.
Des services difficiles
Selon Santé Québec, il y a un employé à temps plein pour 57,5 patients suivis dans les cliniques de Covid longue de la province, sans compter les personnes sur la liste d’attente. Pour pallier le défi d’accès aux services, Santé Québec a donc misé sur des suivis en groupe plutôt qu'individuel.
«Il n’existe pas de traitement pour la covid longue», rappelle le microbiologiste et spécialiste en maladies infectieuses à l'Hôpital général juif à Montréal, Karl Weiss. Le docteur explique qu’il n’y a pas non plus d’outil de diagnostic précis et que les symptômes sont très larges.
Selon lui, peu d’intervenants du milieu de la santé développent une expertise dans le domaine. Les ressources restent donc limitées.