Près de 12 500 Québécois ont fait faillite personnelle en un an


Michel Girard
À la lecture du grand sondage Léger sur les finances personnelles, est-ce surprenant de voir autant de Québécois se retrouver ainsi dans la dèche?
Non! Il suffit de rappeler les données alarmantes qui sont ressorties du récent sondage Léger/Québecor sur l’état des finances personnelles des Québécois pour se rendre compte à quel point un grand nombre de Québécois peinent à boucler les fins de mois.
La dégradation des finances personnelles est terrible au Québec.
Au cours des 12 derniers mois, selon le Bureau du surintendant des faillites (BSF), quelque 35 803 Québécois se sont déclarés insolvables en déposant un dossier d’insolvabilité. De ce nombre, 12 422 ont déclaré une faillite personnelle et 23 381 ont eu recours à des propositions de consommateur en guise d’offres de règlement de leurs dettes auprès de leurs créanciers.
FRÊLE CAPACITÉ FINANCIÈRE
À la question « Vivez-vous de paie en paie? », il y a 37 % des Québécois sondés qui ont répondu OUI. C’est donc plus de 1 Québécois sur 3 qui compte sur sa paie pour survivre financièrement d’une semaine à l’autre. Et plus spécifiquement, sachez que 42 % des 18-34 ans se retrouvent dans cette situation précaire et 47 % des 35 à 54 ans. Pire encore : 45 % sont parents d’enfant.
- Écoutez le segment économie avec Michel Girard via QUB :
De plus, il faut savoir que 41 % des Québécois sondés ont répondu OUI à la question « Avez-vous peur de manquer d’argent afin de payer vos dépenses courantes habituelles? ». Les personnes les plus craintives de manquer d’argent se retrouvent chez les femmes (45 %), les gens âgés de 18 à 54 ans (50 %) et les parents d’enfant (51 %).
Et quant à la question « Disposez-vous de 5000 $ en épargne pour faire face à un imprévu? », combien de répondants ont répondu NON ? Réponse : 36 % ne disposent pas d’une telle somme d’épargne en cas d’imprévu. Les plus vulnérables sont : les 18-34 ans (41 %) ; les 35-54 ans (48 %) et les parents d’enfant (46 %).
Il ne faut donc pas se surprendre de constater, selon le sondage Léger/Québecor, que 12 % des Québécois ont besoin d’un second emploi pour arrondir leurs fins de mois.
Et quand on questionne les propriétaires sur leur capacité de payer leurs versements hypothécaires, quelque 22 % d’entre eux se disent « inquiet » de ne pas être en mesure de payer lesdits versements. Le pourcentage des « inquiets » grimpe à 33 % chez les proprios âgés de 35 à 54 ans. Pire encore, le sondage révèle que 38 % des propriétaires s’inquiètent de ne pas être en mesure de renouveler leur hypothèque en ayant des versements hypothécaires adaptés à leur situation financière. Non mais quel stress !
PLUS DE FAILLITES CHEZ NOUS
Sur les 31 914 Canadiens qui ont fait une faillite personnelle lors des 12 derniers mois, c’est nous, au Québec, qui arrivons en tête avec nos 12 422 faillites personnelles.
On représente 38,9 % de toutes les faillites personnelles au Canada, dépassant et de loin, le poids de la population québécoise (22,1 %) dans l’ensemble de la population canadienne.
| province | faillites |
|---|---|
| Québec | 12 422 |
| Ontario | 9 922 |
| Reste du canada | 9 570 |
| Total | 31 914 |
Avec le grand nombre de nos faillites personnelles, on « surpasse » l’Ontario avec 2500 faillites de plus ! Le Bureau du surintendant des faillites a repéré 9 922 faillites personnelles en Ontario lors des 12 derniers mois. Cela équivaut à 31 % de l’ensemble des faillites au Canada. C’est nettement en-dessous du poids de la population ontarienne (38,9 %) au pays.
Cela dit, à quoi attribue-t-on la détérioration des finances personnelles qui sévit durement depuis les 12 derniers mois ?
Selon le syndic André Bolduc, président de l'Association canadienne des professionnels de l'insolvabilité et de la réorganisation (ACPIR), plusieurs facteurs expliquent cette détérioration : les taux de renouvellement d'hypothèque élevés; la hausse vertigineuse des loyers; l’augmentation du coût des produits de première nécessité à la suite des pressions inflationnistes; l’accumulation de dettes importantes; le recours au crédit renouvelable, comme les cartes de crédit avec leurs taux d’intérêt très élevés.
Les temps sont durs !