Première semaine de Donald Trump: «On s’attendait au pire, mais c’est quand même pire que ce à quoi on s’attendait»
Agence QMI
Après une première semaine chaotique de Donald Trump à la Maison-Blanche, le Canada n’adopte pas la bonne approche dans ses négociations avec le nouveau président, selon le professeur en science politique à l’université Laval, Erick Duchesne.
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Les menaces proférées par Donald Trump à l’endroit de nombreux pays à travers le monde sont plus importantes qu’anticipées, selon lui.
«On s’attendait au pire, mais c’est quand même pire que ce à quoi on s’attendait, dit-il. Si on peut résumer la politique de Donald Trump, c’est une politique de coercition économique, en voulant dire qu’on est gros, on est fort, on est capable d’obtenir ce qu’on veut.»
«Il veut réordonner l’ordre mondial, ajoute-t-il. C’est un retour en arrière sur l’ordre qui avait été bâti sur le leadership américain d’après la Deuxième Guerre mondiale. On peut qualifier sa politique d’unilatéralisme agressif. Il tourne le dos aux alliances, qu’elles soient militaires ou économiques.»
Vu la gravité de ce qui est proposé par le président américain, M. Duchesne est d’avis que le Canada est trop ouvert sur ce qu’il compte faire en représailles.
Il croit aussi que le pays est trop divisé.
«Je ne pense pas qu’on a fait les choses tout à fait correctement parce que si on se prépare à une partie de poker avec monsieur Trump, on ne met pas nos cartes sur la table immédiatement, avance-t-il. Je pense qu’on aurait pu se préparer un peu plus en sourdine au lieu de courir à gauche et à droite et à faire certaines propositions.»
«Doug Ford qui se présente comme Capitaine Canada et Danielle Smith qui se montre réticente, je pense que ça joue le jeu de monsieur Trump, qui aime utiliser la tactique afin de diviser pour mieux régner, il a réussi à nous diviser», continue-t-il.
Le professeur en science politique estime que l’idée de se rallier à d’autres pays pour ensemble imposer des sanctions aux États-Unis est bonne sur papier, mais qu’elle fonctionne rarement dans la réalité.
«On fait du commerce international parce qu’on ne peut pas tout produire par nous-même, explique-t-il. On a besoin de biens qui vont provenir de l’étranger. Malheureusement, ils ne vont pas nous le donner gratuitement. C’est pour ça que les Américains veulent nous vendre leurs produits.»
«Dans un monde idéal, on se lierait contre lui et on lui dirait qu’on ne lui envoie plus rien, renchérit-il. En termes de fonctions multilatérales, ça ne fonctionne jamais. Ça ne fonctionne pas face à la Russie et ça n’a pas fonctionné face à l’Iran, donc il faut voir d’autres mesures.»
Il est d’avis que le Canada se retrouve, par la force des choses, à la croisée des chemins, et qu’il devrait en profiter pour revoir sa politique commerciale sur le long terme.
«Peut-être que c’est l’occasion de se dire, comme Canadiens, qu’est-ce qu’on peut apporter au reste du monde? mentionne-t-il. Qu’est-ce qu’on peut faire à l’interne pour se prémunir contre ça? Ça fait des années qu’on dit qu’il faut laisser tomber des barrières tarifaires à l’intérieur du Canada.»
«Il y a une réflexion à faire, ajoute-t-il. Il faut saisir l’occasion pour réfléchir, et ne pas simplement utiliser le simple jeu de la taupe, comme au carnaval, et être toujours en réaction. Ça prend une révision en profondeur de la politique étrangère canadienne.»
Voyez l’entrevue complète dans la vidéo ci-dessus