Première journée québécoise de l’achat local le 12 juin
Pour créer l’événement, deux organismes financés par le ministère de l’Économie unissent leurs forces


Julien McEvoy
Au même titre qu’on achète un livre québécois le 12 août, on achètera désormais un produit d’ici le 12 juin.
Dès jeudi, les organismes Aliments du Québec et Les Produits du Québec joignent leurs forces pour lancer la première édition de cette journée annuelle.
«Le contexte est quand même de notre bord avec tout ce qui se passe aux États-Unis», lance la directrice des Produits du Québec, Elfi Morin, en entrevue.
L’annonce officielle aura lieu lundi matin à Montréal en présence des ministres Christopher Skeete et André Lamontagne.

Une alliance naturelle
Cette première collaboration entre les deux organismes était «naturelle», explique Elfi Morin. «On fait la même chose: Aliments du Québec pour ce qui se mange et nous pour le reste.»
Aliments du Québec existe depuis 1996 et certifie 28 000 produits alimentaires. Les Produits du Québec, créé en 2021, a déjà certifié 120 000 produits de 285 entreprises.
«On veut inciter les consommateurs à changer leurs habitudes d’achat, pas juste faire un achat ponctuel», explique la directrice d’Aliments du Québec, Isabelle Roy, en entrevue.
Inspiré du succès du livre
Elle confirme que l’initiative s’inspire du succès de la journée «Le 12 août, j’achète un livre québécois», qui multiplie par 11 les ventes de livres québécois chaque année.
«Le 12 juin, c’est aussi avant la Saint-Jean, c’est la période des déménagements, c’est un contexte plus favorable à l’achat», souligne Isabelle Roy.
Les deux organismes veulent «marquer un coup une fois par année» pour créer un réflexe durable chez les consommateurs. La Société des alcools du Québec organise aussi la journée «Le 12 septembre, j’achète un vin québécois» depuis 12 ans.
Objectif: changer les habitudes
«On encourage les gens à trouver les produits certifiés, mais le plus important, c’est le principe», précise Elfi Morin. L’organisme ne tiendra pas rigueur aux consommateurs qui achètent des produits sans logo de certification.
Isabelle Roy mise sur l’effet découverte. «Un coup que tu as goûté à la mayo Mag, il n’y a plus de raison d’acheter une autre mayo», illustre-t-elle.
Le bon moment
L’année 2025 est idéale pour se lancer, pensent les deux dirigeantes. La pandémie avait créé un mouvement vers l’achat local et les menaces tarifaires de Donald Trump ont relancé l’intérêt.
«Mon souhait, c’est que les consommateurs se questionnent sur leurs achats courants. Beaucoup de produits qu’on ignore sont faits au Québec», lance le ministre délégué à l’Économie, Christopher Skeete, en entrevue.
De son côté, le ministre de l’Agriculture André Lamontagne mise sur une approche sans pression. «C’est un geste d’achat additionnel qu’on décide de faire», souligne-t-il en entrevue.
Les Produits du Québec obtient 4,5M$

L’organisme Les Produits du Québec vient d’obtenir 4,5M$ du gouvernement Legault pour les deux prochaines années. Un financement qui arrive au moment où le Panier Bleu a définitivement fermé ses portes après avoir englouti 16M$ en pure perte.
Le décret publié le 4 juin dans la Gazette officielle du Québec confirme l’octroi de la subvention. L’organisme sans but lucratif recevra 3 millions en 2025-2026 et 1,5 million en 2026-2027.
«On a eu la confirmation de ce qui avait été mis au budget, explique Elfi Morin, directrice de l’organisme. On fonctionne avec à peu près 3 millions par année depuis le jour 1.»
Financement à court terme
Cette aide assure la survie de l’organisme pour 12 mois, mais pas pour 24, car il manque encore 1,5M$ pour la deuxième année.
«On n’est pas dans une vision de s’autofinancer l’année prochaine», admet Elfi Morin.
Le ministre responsable de l’organisme se veut rassurant sur l’avenir du financement. «Ils sont centraux à notre stratégie d’acheter local», assure Christopher Skeete en entrevue.
L’organisme a reçu un total de 12,88M$ depuis sa création, en 2022.
Contraste avec le Panier Bleu
Les Produits du Québec connaît une croissance soutenue avec 21 détaillants partenaires, incluant Walmart, Amazon et Canadian Tire. Une étude révèle que les Québécois acceptent de payer jusqu’à 70% de plus pour des produits certifiés.
«Notre organisme est en bonne santé. Les sous sont bien investis», confirme Elfi Morin. En trois ans, il a réussi à se positionner par rapport à Aliments du Québec, qui compte 30 ans d’expérience derrière la cravate.
Ce succès contraste avec l’échec retentissant du Panier Bleu, fermé après avoir coûté 16M$ au gouvernement. Les Produits du Québec vise 6000 entreprises manufacturières et semble bien positionné là où le Panier Bleu a échoué.
Aliments du Québec en bref

Fondé en 1996
Deux marques: Aliments du Québec et Aliments préparés au Québec
28 000 aliments vérifiés
1750 entreprises adhérentes
30 ans de présence dans les épiceries
26 employés (10 avant la pandémie)
Les Produits du Québec en bref

Lancé en 2022
Trois marques: Produit du Québec, Fabriqué au Québec, Conçu au Québec
285 entreprises adhérentes
119 330 produits vérifiés
21 détaillants partenaires
12,88M$ en financement gouvernemental depuis 2022
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.