L'homme doit-il payer le premier rendez-vous en 2025?

Karman Kong
Ça fait une décennie que je ne date plus, mais jadis, lorsqu’un prétendant me proposait un rendez-vous, il s’occupait aussi de la facture. C’était la même chose pour mes amies. Il existait une espèce de règle sociale non écrite.
Aujourd’hui, entre l’essor des applications de rencontres, le mouvement #MeToo et la pandémie, les règles ont radicalement changé. Qui paie la première date en 2025? Pour le savoir, j’ai sondé les lectrices sur ma page Instagram @Elleinvestit.
L’homme prend l'initiative de 90% des premières dates
Le premier consensus des lectrices est que la personne qui propose la date devrait payer. Sans surprise, elles affirment que dans 90% des cas, chez les hétéros, c’est l’homme qui prend l'initiative du premier rendez-vous. Je dis «sans surprise», parce que c’est bien connu que les femmes se font beaucoup plus courtiser sur les applications de rencontres que l’inverse.
Bien que la majorité des répondantes ne s’attendent pas à ce que l’homme paie, 72% d’entre elles préfèrent tout de même qu’il le fasse lorsqu’il prend l'initiative du premier rendez-vous.
Celles qui ne veulent pas se faire inviter affirment que c’est pour ne pas «créer d’attentes» chez l’autre, surtout lorsqu’elles ne voient pas de potentiel amoureux avec le prétendant.
Le féminisme et la galanterie
92% des répondantes affirment que le féminisme et la galanterie peuvent coexister.
«Le féminisme, c’est plus l’équité que l’égalité. Les hommes gagnent plus et devraient payer la première date», m’écrit une lectrice.
«Être féministe ne veut pas dire absence de galanterie... pour moi, être égal, c’est avoir le choix: je choisis de me laisser gâter», me dit une autre.
Je crois que le geste de proposer de payer va au-delà de l’argent. C’est plutôt une façon d’exprimer sa générosité, de dire à l’autre qu’on l’apprécie. J’y vois un geste de galanterie, et elle existe aussi entre femmes: j’invite très souvent mes amies.
Le fait d’accepter qu’un homme paie pour nous ne va pas à l’encontre du féminisme, c’est plutôt le fait de s’y attendre ou de l’exiger qui le serait.
Une question culturelle?
«Culture européenne: ici, les hommes sont insultés si je suis plus rapide qu’eux pour payer».
«Mon copain khmer [cambodgien] paie absolument TOUT, même si j’insiste pour contribuer».
«Je suis haïtienne et ma mère ne paie jamais le loyer, l’Hydro, etc. C’est à l’homme de fournir un safe space».
Je suis chinoise, et pour ce que ça vaut, la plupart de mes amies québécoises issues de minorités visibles vont préférer, voire s’attendre à ce que l’homme paie pour elles lors d’une première date. En revanche, mes amies québécoises «pure laine» ont rarement ce type d’attente et vont même généralement proposer de payer moitié-moitié.
«Les Québécoises sont indépendantes. Les femmes de ma génération (X) avaient peur de se faire acheter lorsqu’un homme payait pour elles», me confie mon amie, Hélène Belleau, professeure, sociologue et auteure de l’ouvage L’amour et l’argent: Guide de survie en 60 questions.
Bien que cette crainte puisse encore influencer le comportement de certaines personnes, je tiens à dire qu’accepter un verre ou un repas d’un prétendant ne fait pas de vous une «mauvaise» féministe. L’égalité, c’est aussi la liberté de choisir.