Pouvez-vous faire parvenir ce message à Félix?
Je commence à me dire que j’aimerais le voir dans une vidéo de paparazzi où il fait trop le party


Jean-Nicolas Blanchet
Il doit bien y avoir quelqu’un qui va lire cette chronique qui connaît bien Félix Auger-Aliassime et qui pourrait le lui transmettre s’il vous plaît?
Notre Québécois s’est écroulé au premier tour à Roland-Garros mardi. Une victoire convaincante était presque dans la poche. Mais le vent a tourné et le voilà qui risque de glisser en dehors du top 30.
Il y a trois ans, il avait atteint le 6e rang mondial. Âgé aujourd’hui de 24 ans, il est dans le pic de sa carrière et je commence à me demander s’il pourrait même sortir du top 50 avant longtemps, ce qu’il n’a pas fait depuis l’âge de 18 ans.
Il fallait le voir après sa défaite mardi. Ça faisait longtemps qu’on ne l’avait pas vu aussi abattu. Ce n’est pas qu’il est tout pimpant de coutume. Mais il réussit toujours à relativiser, à philosopher ou à voir comment rebondir.

Félix n’a pas eu la vie normale d’un gars de 24 ans. Il a fait le saut chez les professionnels à 15 ans. Et depuis, il n’a jamais vraiment arrêté d’essayer d’être le meilleur joueur de tennis.
Très ou trop aimable?
Si certains pensent que la popularité lui a monté à la tête et qu’il ne met plus les mêmes efforts, je vous confirme que c’est complètement faux. C’est plutôt l’inverse.
Et je commence à me demander si justement, il n’aurait pas dû l’échapper un peu. Je me demande s’il aurait pu être un peu distrait dans sa quête de toujours s’améliorer. Car il ne s’est pas vraiment amélioré depuis trois ans en essayant vraiment fort.
Félix est demeuré concentré, travaillant, poli, gentil, respectueux, intelligent, philanthrope... Il est dur à ne pas aimer. On a quasiment l’impression qu’il va venir vous aider à déménager votre laveuse si vous le lui demandez.

Mais là, je commence à me dire que j’aimerais le voir dans une vidéo de paparazzi où il fait trop le party.
C’est un grand amateur de piano. J’ai le goût de lui dire de laisser faire un peu le piano à sa résidence de Monaco pendant quelque temps.
Félix, va faire des glissades d’eau. Va t’acheter une pomme de tire.
Prends l’avion et va jouer dans un minigolf de pirates en Floride.
Va à la crèmerie et prends une grosse molle au chocolat, trempée dans le chocolat, garnie de bonbons aux chocolats.
Reste évaché dans ton lit durant une journée en regardant une série télé au complet.
Déjeune avec une queue de castor.
Va dans un tailgate, un pool party et une soirée karaoké.
Ne range pas ta vaisselle.
Achète-toi un Super Nintendo pour refaire les Donkey Kong ou les Super Mario.
Les manèges et la poutine
Reviens chez toi à Québec et va faire les montagnes russes des Galeries de la Capitale après avoir mangé une poutine aux saucisses et va faire un défi évasion avec tes vieux chums après.

Wimbledon, c’est juste dans un mois. Essaie de t’amuser un peu avant. Tu sais, Félix, si tu prenais ta retraite demain matin, tu serais déjà considéré comme un des plus grands joueurs de l’histoire de ton pays. Tu as déjà gagné sept tournois.
Au lieu de te mettre autant de pression, peux-tu réaliser à quel point c’est fou ce que tu as déjà fait? Au lieu d’être stressé d’échouer, de penser à ce que tu as déjà fait, retrouve ton cœur d’enfant qui aime les manèges ou les dinosaures et profite de la belle vie que tu as.
C’est beaucoup plus simple à dire qu’à faire. Imaginez la pression quand ton salaire et tes commandites dépendent de tes performances. Quand beaucoup de gens autour de toi dépendent de toi, car ils t’aident à être meilleur. Mais je ne peux pas croire que ça ne l’aiderait pas de se détacher un peu d’un tourbillon qui l’étourdit dans une quête irréaliste et inefficace vers la perfection.