Poutine veut la paix en Ukraine? «Il est un menteur», affirme Zelensky
Agence QMI
Le président ukrainien s’est montré très sceptique à l’égard des propos qu’aurait dits Vladimir Poutine en conversation téléphonique avec Donald Trump, jeudi.
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«Trump m'a dit que Poutine voulait arrêter la guerre», a déclaré Zelensky aux journalistes en marge de la Conférence de Munich sur la sécurité, vendredi.
«Je lui ai dit: "Poutine est un menteur. J'espère que vous ferez pression sur lui parce que je ne lui fais pas confiance"», a-t-il raconté, selon le média Newsweek.
M. Zelensky a également rappelé la conversation qu’il avait entretenue avec le président russe en 2019 au sujet d’un arrêt des hostilités dans le Donbass, dans l’est de l’Ukraine.

Il a d’ailleurs mentionné qu’à l’époque la Russie avait violé l’entente du cessez-le-feu à plusieurs reprises, soulignant par le fait même, les risques que pouvaient comporter un nouvel accord avec le président Poutine.
«Il ne respectera pas le cessez-le-feu, c'est tout», a-t-il ajouté.
«C'est pourquoi j'ai dit au président [...]: "Ne prenez aucune décision sur l'Ukraine sans l'Ukraine. Et il ne s'agit pas de moi, il s'agit de tout le pays", a-t-il paraphrasé. Si nous nous mettons d'accord sur une pause, cela aidera Poutine. Et je ne veux pas entrer dans l'histoire comme un président qui a aidé Poutine à occuper mon pays.»
JD Vance assure «une paix durable» à Zelensky
Le vice-président américain JD Vance a assuré vendredi que Washington cherchait une paix «durable» en Ukraine au cours de sa première rencontre avec Volodymyr Zelensky, qui réclame «un plan» de règlement du conflit avant toute négociation avec la Russie.
Ces discussions entre le chef de l'État ukrainien et l'envoyé de Donald Trump étaient très attendues par Kyïv après l'onde de choc qu'a provoquée la conversation téléphonique cette semaine entre le locataire de la Maison-Blanche et Vladimir Poutine.
Peu de détails ont filtré sur ces échanges qui ont eu lieu en marge de la Conférence sur la Sécurité de Munich, en Allemagne.

«Nous voulons parvenir à une paix durable et non pas à une paix qui entraînera un conflit en Europe de l'Est dans quelques années», a déclaré M. Vance à l'issue de la réunion.
«Nous sommes prêts à avancer le plus rapidement possible vers une paix réelle et garantie», a quant à lui confié le président ukrainien sur X, saluant la «détermination» de Donald Trump, qui, a-t-il ajouté, «peut contribuer à mettre fin à la guerre».
M. Vance et M. Zelensky ont assuré avoir eu une «bonne conversation» sur les moyens d'atteindre cet objectif et que d'autres entretiens suivraient, «dans les jours, les semaines et les mois à venir», selon le vice-président américain.
I had a good meeting with U.S. Vice President @JDVance. I am grateful to him and his entire team for the discussion, with Secretary of State Marco Rubio and Special Envoy General Keith Kellogg also taking part.
— Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) February 14, 2025
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L'échange téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine et la volonté affichée de forcer à des négociations sur l'Ukraine font craindre à Kyïv et aux Européens un règlement du conflit à leur détriment.
Devant l'élite diplomatique mondiale réunie à Munich, le chef de l'État ukrainien a posé ses conditions pour un dialogue avec la Russie.
«Je rencontrerai les Russes - un seul Russe, Poutine - mais seulement une fois que nous aurons un plan commun avec Trump, avec l'Europe», a-t-il prévenu.
À l'heure actuelle, Donald Trump n'a pas de «plan tout prêt» pour arrêter la guerre, a-t-il aussi affirmé.
Soutien américain «pas éternel»
Dans un discours très attendu, JD Vance a pris l'auditoire au dépourvu en effleurant à peine la question ukrainienne, préférant se livrer à une violente charge contre «la censure» et le «recul» de la liberté d'expression dans les pays européens.
Le vice-président a en outre appelé l'Europe à prendre en main sa défense pour que les États-Unis puissent «se concentrer sur les régions du monde qui sont en grand danger».

Plus tôt, il a assuré aux Européens qu'ils avaient «bien sûr» leur place à la table d'éventuels pourparlers de paix, mais qu'ils devaient prendre davantage de responsabilités au sein de l'OTAN pour «partager le fardeau» de la défense du continent.
«Il est temps d'investir, car vous ne pouvez pas supposer que la présence américaine durera éternellement», a averti dans le même temps le chef du Pentagone Pete Hegseth, de Varsovie.
Le numéro de Trump
Après l'entretien téléphonique avec Trump qui replace Vladimir Poutine dans une relation d'égal à égal avec les États-Unis, la stratégie de négociation de Washington inquiète Européens et Ukrainiens.
Kyïv réclame des garanties de sécurité de la part des Européens et des Américains, notamment l'envoi de troupes pour garantir la paix.
À Munich, M. Zelensky a affiché une certaine confiance, ironisant sur le fait que Donald Trump lui avait donné son numéro personnel lorsqu'ils se sont parlé cette semaine.
«S'il choisit notre camp et s'il n'est pas au milieu, je pense qu'il fera pression et poussera Poutine à arrêter la guerre», a-t-il estimé.

Il a salué les propos du vice-président américain assurant que les États-Unis auront «à cœur (de garantir) l'indépendance souveraine de l'Ukraine» dans les négociations à venir.
«Pour faire levier sur la Russie, il y a les moyens de pression économique», mais «il y a bien sûr les moyens de pression militaires», a encore dit le numéro deux américain au Wall Street Journal.
Les alliés européens de l'Ukraine redoutent que la nouvelle administration américaine ne «cède tout» à la Russie.
Juste avant l'ouverture de la Conférence, l'Ukraine a accusé la Russie d'avoir attaqué avec un drone «l'enceinte protégeant le monde des radiations du réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl», provoquant un incendie qui a été «éteint». Le niveau de radiations n'a pas augmenté, selon Kyïv.

La frappe à Tchernobyl démontre que la Russie «ne veut pas la paix», a déploré la cheffe de la diplomatie de l'UE Kaja Kallas.
«Cela ne sert à rien d'essayer de négocier» avec Vladimir Poutine, qui «mentira» et «trahira», a pour sa part asséné à Munich Ioulia Navalnaïa, la veuve de l'opposant russe Alexeï Navalny, mort il y a an le 16 février 2024, dans une colonie pénitentiaire de l'Arctique russe.
- Avec la collaboration de l'AFP