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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Poutine, notre ennemi à tous

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Photo portrait de Denise Bombardier

Denise Bombardier

2022-02-25T10:00:00Z
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Depuis plus de deux décennies, le maître du Kremlin est aux premières loges pour observer les faiblesses et les failles de l’Occident. Les pays européens d’abord et les États-Unis, qui se sont enfoncés peu à peu dans une vision politique se voulant à la fois moralisatrice et cynique.

Or, Vladimir Poutine n’est pas dupe. Il n’a eu de cesse de rêver au retour de la période faste datant de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Grâce aux accords de Yalta en 1945, Roosevelt, le président américain, Churchill, le premier ministre britannique, et Staline, le maître de l’URSS, se sont partagé en quelque sorte le monde. Aujourd’hui, comme en 1945, Poutine veut refaçonner l’ordre mondial.

Formé dans le KGB, le puissant bras répressif de l’Union soviétique, dont il est devenu le dirigeant, Poutine ne possède aucun état d’âme. À ses yeux, l’Ukraine et la Russie ne forment qu’une seule nation. C’est peu dire qu’il ne s’embarrasse pas de l’histoire. Il ne veut pas, affirme-t-il, tuer les Ukrainiens, mais si ces derniers attaquent l’armée russe, il est prêt à riposter sans pitié.  

  • Écoutez l'édito de Denise Bombardier à l'émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 8 h via QUB radio :
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Risque

Il prend le risque très calculé que les pays européens, eux, ne ripostent pas, dépendants qu’ils sont du gaz russe et prisonniers en quelque sorte des contraintes démocratiques de leurs pays respectifs.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, les démocraties occidentales se sont laissé porter par l’illusion d’une paix perpétuelle. Or, Poutine, comme dans la guerre contre la Géorgie en 2008 et l’annexion de la Crimée en 2014, a violé le droit international sans subir trop de protestations, ce qui révélait la faiblesse de l’Europe et de l’OTAN.

Comme à l’accoutumée, Donald Trump, toujours ami-ami avec Poutine, ne tarit pas d’éloges à l’endroit du nouveau tsar de toutes les Russies. « C’est du génie », a-t-il dit dans un podcast il y a quelques jours. Ce n’est pas l’avis de beaucoup de spécialistes de la Russie, qui décrivent le président russe comme un psychopathe sans aucune empathie et connu pour son narcissisme et son comportement asocial. C’est peu de dire que l’Américain et le Russe font la paire et que Poutine peut s’accommoder des sanctions économiques des États-Unis, désormais affaiblis sur la scène internationale par l’œuvre de Trump.

Alliés

Toutes les gauches occidentales antiaméricaines qui applaudissent depuis quelques années aux déboires des États-Unis sont des alliés objectifs de Vladimir Poutine, le plus soviétique à vrai dire des dirigeants du Kremlin depuis Staline.

Qui peut arrêter son ambition débridée, alimentée par son délire de recréer l’empire soviétique sous sa gouverne ? Seuls les États-Unis et l’Europe sont en mesure de réagir, mais est-ce que la volonté politique existe ? Il ne faut pas oublier que le pacifisme qui touchait l’Europe dans les années 1930 a pavé la voie à l’avènement de Hitler et de l’Allemagne nazie. Le pacifisme larvé de l’Occident ne forme pas de troupes de choc pour affronter les Poutine et autres tyrans et dictateurs qui cherchent à soumettre des peuples à travers la planète. Après la Russie, ne soyons pas surpris si la Chine s’empare par un effet de dominos de Taïwan.

Après la pandémie, le « virus » Poutine ne risque-t-il pas de nous replonger dans des cauchemars, qu’on aurait dû prévoir ?

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