Poutine est parti pour la gloire

Normand Lester
Je ne croyais pas que Poutine oserait. Maintenant, je n’ose pas m’avancer sur jusqu’où il va aller. S’arrêtera-t-il après s’être emparé d’une partie de l’Ukraine ? Ou décidera-t-il d’occuper la totalité du pays ? Et une fois l’Ukraine conquise et sécurisée, va-t-il s’en prendre aux autres nouveaux membres de l’OTAN qui ont une frontière commune avec la Russie : la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie ? La paix mondiale dépend de la réponse qu’il va donner à cette question.
L’objectif de Poutine – un changement de régime à Kiev – est difficilement réalisable sans l’occupation militaire de l’Ukraine pendant un certain temps pour soutenir l’homme qu’il placera au pouvoir. De quoi empêtrer les forces armées russes dans des opérations antiguérillas. Comme en Afghanistan. Le cauchemar des généraux russes.
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Les séquelles mondiales de l’invasion de l’Ukraine
Les nouvelles sanctions « sévères » contre la Russie annoncées par Biden vont compliquer la vie aux Russes, mais elles ne paralyseront sans doute pas leur économie. Cela va cependant avoir des répercussions économiques négatives ailleurs. Pas seulement en Occident. Ça risque de perturber l’économie mondiale en ces temps de pandémie.
Si en représailles aux sanctions la Russie cyberattaquait les États-Unis, causant des dommages massifs aux services financiers, aux communications et aux infrastructures, les États-Unis ne pourraient faire autrement que de riposter. Une cyberguerre est à redouter. Espérons que l’Occident et les Russes éviteront une escalade informatique avec des conséquences aussi catastrophiques qu’imprévisibles sur le réseau mondial.
La Chine a refusé de condamner l’invasion. Cette guerre conduira-t-elle à un resserrement des liens entre les deux plus grandes autocraties de la planète ? Inquiétant. Une conséquence positive cependant, Poutine a réussi à ressusciter l’OTAN, qu’Emmanuel Macron considérait comme en « mort cérébrale » en 2019.
Des crises qui opposent la Russie et les États-Unis, des puissances nucléaires, peuvent toujours, à cause d’événements fortuits, conduire à une confrontation directe. La situation actuelle n’est pas, pour le moment, aussi dangereuse que la crise des missiles de Cuba, mais on pourrait en arriver là.
Poutine rêve d’être le Tsar de toutes les Russies
Des manifestations contre la guerre dans des dizaines de villes russes ont été sévèrement réprimées. C’est de mauvais augure pour Poutine, qui a réécrit la constitution russe pour pouvoir rester au Kremlin jusqu’en 2036.
Sa répression de l’opposition est de plus en plus brutale. Ses principaux dirigeants ont été emprisonnés après avoir été empoisonnés comme Alexei Navalny ou assassinés à coup de révolver près du Kremlin comme Boris Nemtsov.
La démographie déclinante de la Russie hante Poutine. Son économie est en difficulté. La pandémie fait des ravages.
Le dirigeant vieillissant de 69 ans a décidé de laisser sa marque dans l’histoire en ramenant l’Ukraine dans le giron russe. Et ça pourrait n’être que la première étape de ses ambitions.
Après l’annexion de la Crimée, Poutine a dévoilé aux portes du Kremlin en 2015 une statue au prince Vladimir le Grand, qui a régné à Kiev au Moyen-âge. L’Ukraine et la Russie le considèrent comme le fondateur de leurs États.