Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Poutine isolé, frustré et en colère: le pire est à venir en Ukraine, craint la CIA

Le patron de la CIA prédit des semaines encore plus difficiles que les précédentes pour le peuple ukrainien

Le président russe Poutine fait face à des sanctions économiques majeures depuis le début de son invasion de l’Ukraine.
Le président russe Poutine fait face à des sanctions économiques majeures depuis le début de son invasion de l’Ukraine. Photo AFP
Partager
Photo portrait de Roxane Trudel

Roxane Trudel

2022-03-08T18:42:50Z
2022-03-09T05:00:00Z
Partager

La CIA a décrit mardi le président russe Vladimir Poutine comme un homme à la fois isolé et furieux vis-à-vis de la situation en Ukraine.

• À lire aussi: [VIDÉO] «Nous nous battrons jusqu'au bout»: Zelensky salué par une ovation du parlement britannique

• À lire aussi: McDo ferme ses restaurants, la pression monte sur les groupes américains qui restent en Russie

• À lire aussi: [EN DIRECT] 13e jour de guerre en Ukraine: voici tous les développements

« Je pense que Poutine est en colère et frustré en ce moment. Il est probable qu’il va redoubler d’efforts et essayer d’écraser l’armée ukrainienne sans se soucier des pertes civiles », a témoigné mardi le directeur de l’agence centrale de renseignement (CIA), William Burns, devant le Congrès américain.

Si bien qu’il a prédit que les prochaines semaines seraient « affreuses » en Ukraine. 

Fermeture des espaces aériens, gel d’avoirs de personnalités ou d’entreprises, interdiction de transactions financières et commerciales : depuis le début des hostilités en Ukraine, les pays occidentaux multiplient les sanctions économiques contre Vladimir Poutine, ses proches, ainsi que l’économie russe.

Le président Joe Biden a aussi décidé mardi d’interdire les importations d’hydrocarbures russes, prenant la tête d’un assaut occidental contre sa plus précieuse source de revenus (à lire en page 34). Cette décision a été prise « en coordination étroite » avec les alliés des États-Unis, a-t-il précisé.

Publicité

Sous la pression croissante, plus de 280 grandes entreprises ayant une présence importante en Russie ont décidé de suspendre à leur tour leurs opérations dans le pays, dont L’Oréal, Starbucks et Adidas. McDonald’s a annoncé mardi la fermeture temporaire de ses 850 restaurants. 

Il ne peut pas la perdre

De toute évidence, la guerre ne se déroule pas aussi rapidement que le président russe aurait pu le souhaiter. 

​Sauf que Poutine « a l’impression que c’est une guerre qu’il ne peut pas se permettre de perdre, a insisté la patronne des services américains de renseignement, Avril Haines, elle aussi devant le congrès. Mais ce qu’il pourrait être prêt à accepter comme une victoire pourrait changer avec le temps. »

« Nous estimons que Poutine souffre du manque de déférence de l’Occident à son égard », a-t-elle ajouté.

Envahir l’Ukraine résultait pour le président russe d’une « conviction personnelle profonde », a par ailleurs assuré M. Burns, le président russe ayant selon lui couvé « durant de nombreuses années un mélange explosif de griefs et d’ambition ».

Radicaliser l’ennemi

Mais astreindre économiquement la Russie peut « jouer dans les deux sens », soulève Benjamin Deruelle, professeur d’histoire à l’UQAM. 

« Ça la prive de finances pour faire la guerre, ce qui est bien, mais ça peut aussi la pousser à tenter d’aller plus loin pour s’en sortir, explique-t-il. [Jusqu’à maintenant] les sanctions ne l’ont poussée que vers une sorte de radicalité. »

« C’est possible qu’acculé au pied du mur [Poutine] devienne plus dangereux, renchérit Charles-Philippe David, fondateur de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques. Certes, peut-on reculer et le laisser faire ? Non. La ligne est fine entre faire ce qu’il faut et ne pas trop en faire pour le provoquer. »

Publicité

Sauf qu’en plus d’être toujours un peu plus isolé sur la scène internationale, le président russe l’est aussi d’un point de vue personnel. Le cercle de conseillers duquel il s’entoure est « de plus en plus étroit », selon le directeur de la CIA.

« C’est un système dans lequel il n’est généralement pas bon pour la carrière des gens de remettre en question ou de contester son [Poutine] jugement », a-t-il détaillé.

Difficultés importantes 

Même les rares alliés de la Russie n’avaient pas anticipé « les difficultés importantes que les Russes allaient rencontrer », a poursuivi M. Burns. 

Selon lui, même la Chine, qui garde de bonnes relations avec Moscou, est « inquiète » de l’impact que sa proximité avec le régime de Poutine pourrait avoir sur sa « réputation », surveillant aussi de près d’éventuelles répercussions sur l’économie chinoise.

« Si la Chine décidait demain qu’elle s’oppose à ce que fait Poutine, en termes d’isolement, les carottes sont cuites », conclut M. David.  

Les combats brutaux et les bombardements se sont poursuivis mardi dans les grandes villes. De nouveau, Moscou a annoncé mardi des cessez-le-feu locaux dès ce matin dans plusieurs villes pour permettre aux civils de quitter les cités piégées.

À voir aussi    

Publicité
Publicité