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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Poussette happée à Sherbrooke: une famille brisée, l’accusé demande pardon

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Guillaume Cotnoir-Lacroix

2025-04-01T20:49:14Z
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La vie d’une famille a été brisée, au mois d’août 2022, lorsqu’un père et son enfant dans une poussette ont été happés par un chauffard, sur le boulevard de Portland à Sherbrooke. Près de 3 ans plus tard, la Couronne et la défense commençaient mardi leur débat sur la peine à imposer à Éric Goupil, coupable de conduite dangereuse dans le cadre cette triste histoire. 

La Couronne a fait entendre le père de famille qui a été blessé et qui a surtout vu sa petite fille de cinq mois, dans sa poussette, se faire renverser par le véhicule de l’accusé. Il a expliqué les moments difficiles qui ont suivi pour toute sa famille, qui avait immigré à Sherbrooke peu de temps avant l’accident.

«Avant l’accident, ma famille et moi on vivait notre vie sainement et avec plein d’amour, mais après l’accident, notre vie a basculé. De voir ma fille dans un état dans lequel elle n’était pas initialement, ça m’a traumatisé jour et nuit», a-t-il confié.

La fillette aujourd’hui âgée de trois ans vivra avec des séquelles permanentes et vraisemblablement avec une déficience intellectuelle, a expliqué la procureure de la Couronne Stéphanie Landry au juge Benoit Gagnon.

«C’est une enfant qui a un âge de trois ans, mais physiquement elle agit comme un bébé âgé entre quatre et six mois. Elle ne peut pas se nourrir toute seule et toute sa vie, ça va lui prendre un adulte pour l’accompagner dans à peu près toutes les facettes de sa vie», a énuméré l’avocate.

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«C’est une situation d’une tristesse infinie», a ajouté Me Landry.

Le père de famille qui a été blessé dans l’accident et qui peine aujourd’hui à travailler ne reçoit pas de prestations de la SAAQ, alors que l’accusé en reçoit toujours, a dénoncé Me Landry, en parlant d’un «système à deux vitesses». En sanglots à plusieurs reprises, le père était aidé mardi de son frère pour traduire la lettre qu’il avait écrite en swahili. Tout au long de son récit, son frère lui empoignait l’épaule pour le soutenir.

Éric Goupil, rappelons-le, avait été trouvé coupable de conduite dangereuse en juillet 2024. Ce dernier, qui devait aller chercher une piñata pour une amie en vue d’une fête d’enfants, a multiplié les dépassements, brûlé un feu rouge et utilisé son cellulaire tout au long du trajet, avant de finalement omettre de s’arrêter au passage piéton de l’intersection Portland-Wilson. Les feux clignotants étaient pourtant allumés et une série de voitures s’étaient déjà arrêtées.

Goupil avait juré lors du procès ne pas avoir vu les feux.

Goupil montre des remords

Éric Goupil, qui paraissait encore mardi atterré par la situation, est allé jusqu’à dire qu’il «méritait la peine capitale» pour ses gestes, après avoir entendu le témoignage du père qu’il a happé en août 2022.

«J’ai recommencé à faire des cauchemars pratiquement tous les jours. Il n’y a pas une journée où je ne vois pas le père dans la rue en train de prier le seigneur et dire “mon bébé, mon bébé»», a-t-il dit.

En mêlée de presse après l’audience, la procureure Landry a toutefois rappelé qu’Éric Goupil contestait sa culpabilité en appel. «Il semble avoir des regrets quant aux conséquences, mais quant à sa conduite, c’est quelque chose qui va devoir être exploré lors des représentations», a-t-elle cerné.

La procureure a déjà indiqué au tribunal qu’elle compte demander une peine de détention ferme dans le dossier. On ne connaît toutefois pas encore la position de la défense.

Le juge Benoit Gagnon a demandé à suspendre les représentations, mardi après-midi, le temps qu’Éric Goupil, qui semble être plongé dans un profond mal de vivre, puisse consulter un psychologue. Les deux parties ont convenu de se retrouver au palais de justice de Sherbrooke en juin prochain.

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