Pourquoi y a-t-il autant de conflits de travail au Québec?
Flavie Gauthier
Depuis quelques semaines, des conflits de travail émergent au Québec, une situation «multifactorielle», selon Me Claude Gravel.
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Pour cet avocat en droit du travail, la pandémie a joué un rôle dans l’apparition de ces conflits. De nombreuses personnes sont parties à la retraite, il y a eu une pénurie de main-d’œuvre, ainsi qu’un faible taux de chômage.
«En même temps, j’ai le goût de vous dire qu’il y a eu une mutation des valeurs entre la génération à laquelle j’appartiens – donc les baby-boumeurs – et les nouvelles générations, qui ont une relation au travail nettement différente de celle de ma génération», affirme-t-il en entrevue au Québec Matin.
En 2024, 759 arrêts de travail ont eu lieu au Québec, et 91% des arrêts de travail survenus au Canada depuis 2023 proviennent du Québec, selon l’Institut économique de Montréal.
«En 40 ans, nous avons fait des bonds spectaculaires dans l’amélioration des conditions de travail, mais ces améliorations ont toujours un coût social», affirme Me Gravel, en précisant que ce type de grève est beaucoup moins fréquent dans le secteur privé.
Au moment d’écrire ces lignes, les employés de Postes Canada sont en grève, les ingénieurs du Québec sont en débrayage pour une durée indéterminée, et une possible grève plane sur les employés de la construction résidentielle.
Bien qu’il souligne l’importance du droit de grève, Claude Gravel affirme qu’«il est peut-être temps de revoir le modèle pour le rendre un peu plus performant et moins dévastateur en termes de conséquences sociales.»
Le projet de loi 89, qui vise à mieux prendre en compte les besoins de la population lors des lockout et des grèves, a été déposé à l’Assemblée nationale.