Pourquoi tant de Québécois en arrachent d’une paie à l’autre ?
Notre pouvoir d’achat lorsqu’on compare sur trois ans la hausse de la rémunération à celle de l’inflation a fortement diminué


Michel Girard
Il y a loin de la coupe aux lèvres en matière de récupération du pouvoir d’achat lorsqu’on compare sur trois ans la hausse de la rémunération à celle de l’inflation.
Économiquement parlant, le gouvernement Legault n’a pas de quoi se péter les bretelles.
Que l’inflation annuelle au Québec soit descendue à 3,3 % en janvier, c’est certes de bon augure. Mais je vous rappelle que ce 3,3 % s’ajoute à la vague inflationniste qui nous avait frappés lors des deux précédentes années.
Par rapport à janvier 2021, selon les données rapportées par Statistique Canada, j’ai calculé que l’indice des prix à la consommation a grimpé de 15,3 % au Québec.
Pendant cette même période sur trois ans, la rémunération hebdomadaire moyenne a augmenté de combien au Québec ? De seulement 12,7 %.
C’est donc dire que l’ensemble des ménages québécois ont vu leur « réel » pouvoir d’achat reculer de 2,6 points de pourcentage depuis trois ans.
Les ménages en arrachent
Lorsqu’on compare sur trois ans la hausse de la rémunération moyenne des travailleurs québécois avec les augmentations de prix que nous a subies dans les « gros » secteurs comme les aliments, le logement et les transports, on comprend pourquoi tant de ménages québécois en arrachent royalement d’une paie à l’autre.
Le logement
Le sous-indice « Logement » a bondi de 19,8 % depuis janvier 2021. C’est 7,1 points de pourcentage que l’augmentation de la rémunération moyenne des ménages. Quand on sait que le logement accapare à lui seul un peu plus de 28 % du panier des dépenses de consommation des ménages, on devine que le gros bond du sous-indice du logement a un effet dévastateur sur le portefeuille des gens.
Les propriétaires aux prises avec un renouvellement d’hypothèque sont pour leur part catastrophés de voir à quel point leurs paiements hypothécaires ont explosé. Le sous-indice « Coût de l’intérêt hypothécaire » a explosé de 44 % depuis janvier 2021, soit 3,5 fois plus élevé que l’augmentation de la rémunération.
Autre dépense inévitable qui frappe durement le portefeuille des ménages propriétaires: le coût de l’assurance habitation et de l’assurance hypothécaire a enregistré un bond de 24,5 %.
Les aliments
Dans l’ensemble du panier de consommation, c’est le sous-indice « Aliments » qui occupe, de par son importance relative, la deuxième place, après le logement.
Tous les ménages n’en reviennent pas de voir à quel point leur facture d’épicerie a augmenté. Ont-ils raison de se plaindre ? Oui.
Il faut savoir que le sous-indice « Aliments » a enregistré une importante progression de 22,4 % sur trois ans, soit presque 10 points de pourcentage de plus que la hausse de la rémunération moyenne des travailleurs québécois.
Certains aliments ont grimpé davantage : le bœuf frais ou surgelé (+ 26,8 %); la volaille fraîche ou surgelée (+ 24,4 %); le beurre (+ 25,6 %); les produits de boulangerie (+27,4%); les produits céréaliers (+ 23 %); les fruits frais (+ 30,4 %); les fruits en conserve (+ 28,5 %); les graisses et huiles comestibles (+ 70,5 %).
Légèrement sous la hausse générale des « aliments », on retrouve les œufs (+ 21,7 %), les légumes (+ 21,7 % et le café & thé (+20,5 %).
Le prix de l'essence
Le ralentissement de la croissance de l’inflation au Canada en janvier est attribuable en grande partie à la baisse de 4 % du prix de l’essence par rapport à janvier 2023.
Chez nous au Québec, la baisse de l’essence n’a été que de 1 %. Il n’y a pas quoi se sentir moins exploiter par les pétrolières.
À preuve, de janvier 2021 à janvier dernier, le sous-indice de l’essence a fortement augmenté, voire de 38,5 %.
Le sous-indice « Transport » a enregistré une hausse de 18,7 % depuis le début de 2021.