Pourquoi se fâcher autant concernant Équipe Québec?

Il y a des sujets qui semblent inexorablement polarisants au Québec: l’autoroute 20 ou la 40, le but d’Alain Côté, la salade de chou crémeuse ou traditionnelle et... devrait-on avoir des équipes seulement québécoises dans les compétitions sportives internationales?

Ça suscite toujours de vives réactions. Pas des débats. Ceux qui en parlent se font traiter de tous les noms.

«Si on fait ça, ça veut dire que n’importe quelle province au Canada pourrait faire son équipe!», peut-on lire, très souvent.

Non, ça ne veut pas dire ça du tout. En fait, tout le monde peut être en désaccord. Et il y a plein d’excellents arguments pour demeurer avec le reste du Canada sur le plan sportif au niveau international. Mais l’argument selon lequel ça voudrait dire que toutes les provinces pourraient le faire, c’est n’importe quoi. J’y reviendrai.

Avec la déconfiture du Canada au Championnat mondial junior, la question sempiternelle a été relancée: devrait-on se faire une équipe seulement québécoise?

Mon collègue Marc de Foy avait écrit une excellente chronique en 2023 quand le Trifluvien Zachary Bolduc, aujourd’hui des Blues de St. Louis, avait été ignoré par Équipe Canada junior. Ça soulevait la même question.

On serait moins fort, mais...

Premièrement, est-ce que le Québec pourrait être meilleur que le Canada à ce tournoi? Non! Vraiment pas. Ce n’est pas moi qui le dis. C’est ceux qui travaillent dans le hockey et qui connaissent ça beaucoup plus que moi. Une fois sur dix, le Québec pourrait être meilleur que le Canada, comme la Lettonie, qui a battu notre pays. Mais sinon, oubliez ça.

Le Québec représente le cinquième (83 893 hockeyeurs) des joueurs au Canada (480 734 hockeyeurs). Le reste du Canada est donc supérieur. Néanmoins, le Québec a autant de joueurs que la Finlande et la Suède par exemple, deux puissances mondiales.

Dans la LNH, on retrouve 52 joueurs québécois actifs sur 359 joueurs canadiens.

Autrement dit, on serait moins fort, c’est sûr. Mais la question n’est pas là, à mon avis.

Il n’est pas question d’avoir une Équipe du Québec parce qu’on serait possiblement meilleur ou parce qu’on n’aime pas le reste du Canada ou qu’on boude.

Il est question d’avoir une Équipe du Québec pour mieux faire rayonner l’élite sportive québécoise. Parce que le Québec est une nation.

L’Écosse a son équipe nationale de soccer. Le pays de Galles aussi. L’Irlande du Nord aussi. Les Bermudes aussi. Ils sont 31 nations à avoir des équipes sur le plan international, même si elles font partie d’un pays qui a aussi son équipe. Sauf aux Jeux olympiques, ces nations sont donc représentées avec une équipe distincte dans certains sports.

Bref, que le Québec ait une équipe nationale lors de compétitions internationales est loin d’être une idée abrutissante, absurde ou exceptionnelle.

Ça donnerait un méchant coup de main à nos athlètes dans tous les sports. Si vous jugez que les athlètes québécois ont toute la place qu’ils méritent au niveau national, c’est votre opinion. Je ne la partage mauditement pas.

La souveraineté

Le problème, c’est que le débat est intimement lié à la souveraineté. Pourtant, il y a beaucoup plus de gens en faveur de la création d’équipes nationales du Québec que de gens en faveur de la souveraineté.

Le dernier sondage Léger à ce sujet remonte à 2020. 74% des répondants se disaient favorables à la création d’équipes du Québec. Concernant la souveraineté, le dernier sondage, toujours de Léger, en novembre dernier, portait le oui à 37%.

Mais la création d’équipes nationales québécoises demeure vue comme une façon de se diviser et non comme une façon de permettre à nos athlètes de mieux s’affirmer et briller dans un contexte où d’autres nations l’ont fait.

Au pire, ce débat se fera lorsqu’on deviendra un État américain. C’est une blague! En fait, j’ose croire.