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L'article provient de Le Journal de Québec
Société

«En colère» contre le système

La mère des deux enfants tués à Wendake demande pourquoi la DPJ n’est pas intervenue

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Photo portrait de Dominique Lelièvre

Dominique Lelièvre

2020-11-15T19:19:54Z
2020-11-16T02:42:51Z
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S’il n’y a pas un instant où elle ne pense pas à eux, la mère des deux petits garçons tués à Wendake le mois dernier éprouve aussi «beaucoup de colère» à l’égard du système, qui, à ses yeux, a failli à protéger ses enfants.

• À lire aussi: Tragédie de Wendake: une avocate tire à boulets rouges sur la DPJ

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Un mois après les tristes événements, «de la peine, j’en ai encore, mais si je décide de parler aujourd’hui, c’est parce qu’en plus de la peine, j’ai vraiment beaucoup de colère et j’ai besoin qu’on m’entende», a déclaré, dimanche, Émilie Arsenault, la voix brisée par l’émotion.

Dans la nuit du 10 au 11 octobre, ses «p’tits pitous» de 2 et 5 ans, Alex et Olivier, sont devenus des «étoiles». Leur père, son ex-conjoint Michaël Chicoine, est accusé des meurtres sans préméditation des bambins.

Ceux-ci avaient fait l’objet de signalements à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) avant le drame, tandis que les problèmes de santé mentale de l’accusé de 30 ans étaient connus depuis quelques années, a-t-on appris dans les jours suivant la tragédie.

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Photo Dominique Lelièvre
Photo Dominique Lelièvre

 

«Sachez, mes amours, qu’il n’y a pas un soir où je ne vais pas vous border comme si j’avais encore la chance de vous avoir près de moi.»   

Bouleversée

«Je suis en colère contre notre Québec, qui se dit doté d’un système de protection de l’enfance. Et moi, quand j’ai fait appel à la DPJ pour protéger mes propres enfants, il était où, ce système de protection là? Pourquoi on ne m’a pas entendue?», a dit la mère bouleversée en guise «[d’]ultime appel à l’aide».

Celle-ci s’exprimait pour la première fois publiquement, depuis un hôtel de Québec, en compagnie de son avocat, Marc Bellemare, et de son père, Jean-Guy Arsenault.

Mme Arsenault a soutenu qu’une travailleuse sociale et qu’un enquêteur ont «signalé eux aussi» la situation, mais qu’ils n’auraient «pas été pris au sérieux».

Elle a également révélé que, trois jours avant la nuit fatidique, elle a eu une conversation avec son ancien avocat pour demander la garde exclusive des enfants.

Il aurait répondu «[qu’]un juge n’enlèvera pas la garde à un père en se basant sur vos simples inquiétudes de mère.»

Dans le passé, des intervenants lui ont demandé si elle craignait pour la vie de ses enfants.

«Est-ce qu’on peut m’en vouloir d’avoir répondu: “je ne peux pas croire qu’il s’en prendrait à ses propres enfants”? Mais je me suis trompée», a laissé tomber Émilie Arsenault.

  • Écoutez l'entrevue de Pierre Nantel avec Me Marc Bellemare, avocat de la famille: 

Photo Dominique Lelièvre
Photo Dominique Lelièvre

 Plus jamais

«Il ne faut plus jamais qu’un parent ait à vivre ça», a imploré la dame, qui a énuméré plusieurs infanticides survenus au Québec ces dernières années.

Mme Arsenault «[ne] pouvait pas faire plus» et «il aurait fallu que des actions soient posées avant que l’irréparable soit commis», a témoigné une de ses amies, Jessica Richard, qui était aussi présente dimanche.

Me Bellemare a précisé que sa cliente n’a «pas encore décidé» si elle poursuivra la DPJ; pour l’instant, il recommande de laisser les cinq enquêtes en cours et l’éventuel procès de Chicoine cheminer.

Il voit cependant comme une «aberration» le fait que le grand-père des garçons ne soit pas reconnu comme une victime d’acte criminel.

De son côté, Émilie Arsenault a été acceptée par le programme d’indemnisation de l’IVAC.

Contacté par Le Journal, le cabinet du ministre Lionel Carmant, responsable du dossier de la DPJ, a rappelé que ce dernier souhaite entreprendre une réforme de la Loi sur la protection de la jeunesse.

Concernant le double meurtre de Wendake, un rapport d’enquête de la criminologue Michelle Dionne est attendu le 5 décembre prochain.

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