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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Pourquoi l’épicerie coûte une fortune!

Photo Adobe Stock
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Photo portrait de Pierre-Olivier Zappa

Pierre-Olivier Zappa

2025-06-10T04:00:00Z
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On pensait que le pire était derrière nous à l’épicerie. Que la flambée des prix déclenchée par la pandémie allait s’essouffler. Mais non!

Dans un marché contrôlé par un club fermé de géants, les prix reprennent leur envol. Depuis janvier, l’étiquette explose! Le filet de bœuf? +34%. Le haut de surlonge? +34%. Les oranges? +26%. Même les patates douces s’y mettent. On espérait une pause. On a eu un coup de massue.

Les contre-tarifs imposés par Ottawa sur certains produits américains ont fait mal. Mais le vrai nœud du problème, c’est le manque de concurrence.

Un marché verrouillé, une facture salée

Au Canada, cinq géants se partagent autour de 80% du marché de l’alimentation: Loblaw, Sobeys, Metro, Costco et Walmart. Et chaque fois qu’un petit joueur tente de secouer l’ordre établi, il finit dans la gueule du loup.

Provigo? Absorbé par Loblaw. Adonis? Avalé par Metro. Kim Phat? Engouffré par Sobeys. Et la liste s’allonge...

Il y a deux mois à peine, la chaîne québécoise indépendante Avril a signé une alliance avec Sobeys, le propriétaire d’IGA. Sobeys détient aussi Rachelle Béry, le principal concurrent d’Avril dans le secteur des produits naturels.

Vous voyez le résultat? Deux enseignes censées se faire concurrence sont maintenant dans le même camp. Ce genre d’entente ne favorise ni la diversité de l’offre ni les guerres de prix. Au contraire, il permet aux géants de verrouiller encore plus le marché.

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L’épicerie semble offrir du choix, mais la réalité, c’est qu’on magasine souvent dans des enseignes différentes qui appartiennent à la même société mère. Le logo change, les profits remontent au même siège social. Moins de concurrents, c’est moins de pression pour innover, pour baisser les prix ou pour améliorer le service.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Et malgré les promesses du ministre François-Philippe Champagne l’an dernier, aucune nouvelle enseigne étrangère n’a encore mis les pieds chez nous.

Des profits dodus

Pendant que les familles coupent dans les fruits frais, les légumes et les protéines, les actionnaires des géants de l’alimentation, eux, font des festins.

Depuis un an, les titres de Loblaw et Metro ont bondi d’environ 40%, surclassant le marché. Loblaw se négocie à 33 fois ses profits. Metro, à près de 24 fois. Des ratios habituellement réservés aux géants de la techno!

Pourquoi cette envolée? Parce que les investisseurs jugent que ces entreprises sont bien équipées dans un contexte d’incertitude économique. Elles dominent le marché. Peu de concurrence. Des marges stables. Un modèle en béton.

Il n’y a donc pas de solution miracle pour calmer la flambée des prix. Mais il y a un point de départ évident: ouvrir le marché à plus de concurrence. Encourager de nouvelles enseignes. Briser les barrières. Protéger les petits joueurs au lieu de les laisser se faire avaler.

Parce que sinon, on finira par rêver d’un steak... comme d’un voyage dans le Sud. Et ce n’est pas une blague!

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