Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

«Pourquoi ils ont fait une piste cyclable s’il n’y a pas un chat dessus?»: des pistes cyclables 20 fois moins utilisées à Montréal

Partager
Photo portrait de Marie-Laurence Delainey

Marie-Laurence Delainey

2025-06-24T21:00:00Z
Partager

La présence de pistes cyclables peu achalandées à Montréal, certaines accueillant vingt fois moins de vélos que les axes les plus fréquentés, est dénoncée par des automobilistes, tandis qu’une spécialiste et des cyclistes estiment qu’un tel déséquilibre est normal dans un réseau en croissance.

• À lire aussi: Des voitures bloquent le passage des cyclistes: des commerçants exigent le retrait d’une piste cyclable à Montréal

Les statistiques d’achalandage de la Ville de Montréal révèlent des écarts marqués entre les grands axes, comme Saint-Denis, où depuis le début de l'année, ont circulé en moyenne près de 3000 cyclistes par jour selon les secteurs, et les artères les moins fréquentées situées sur des axes secondaires du réseau cyclable ont compté quelques centaines de passages au quotidien. 

Le lundi 23 juin par exemple, 5970 cyclistes ont circulé à l’angle de Saint-Denis et des Carrières, contre 115 sur la rue Westmount et 220 sur Sainte-Croix et du Collège, dans l'arrondissement de Saint-Laurent. 

La faible fréquentation de ces axes, que certains surnomment «pistes fantômes», exaspère des résidents. «Ça m’énerve, pourquoi ils ont fait une piste cyclable s’il n’y a pas un chat dessus?» lance Michael Durand, qui réside près de la piste cyclable sur Bennett, dans l'arrondissement d'Hochelaga-Maisonneuve.

Publicité

«Il n’y a plus de place pour les voitures et ils ne roulent même pas sur les pistes, ils roulent dans la rue», déplore Richard Julian, croisé près de l’avenue Westmount.

Mais des cyclistes affirment qu’ils ont eux aussi droit à un réseau développé. «Je trouve que c’est inéquitable de dire que dans le centre-ville, où il y a déjà une culture de vélo, ça va, mais tous les autres coins de la ville où la culture du vélo n’est pas encore développée, on dit non», affirme Mathieu Murphy-Perron, qui se déplace à vélo 365 jours par année.

Le Montréalais en appelle à la patience. «Quand on parle des pistes cyclables très achalandées, Berri, Rachel, Maisonneuve, ce sont des pistes cyclables qui existent depuis [plus de 20 ans] qui ont pris du temps pour attirer la clientèle», rappelle le cycliste, qui prédit une hausse d’achalandage pour les nouveaux aménagements.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Alexandre Dubé, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Question d’équité

Pour la professeure titulaire de la Chaire mobilité à Polytechnique, Catherine Morency, la quantité de vélos ne devrait pas être un critère. «On tient pour acquis que toutes nos rues sont accessibles à des véhicules privés [...] un piéton, est-ce qu’on va mettre des trottoirs partout? On n’oserait même pas poser la question, c’est absurde», dit-elle, ajoutant que le réseau aurait dû être configuré de manière à ce que tous les usagers aient de l’espace suffisant.

La Ville de Montréal, pour sa part, indique que l’emplacement des pistes cyclables a été soigneusement choisi et qu’il vise à promouvoir un mode de transport durable et sécuritaire.

«Lorsque la Ville entreprend le réaménagement d’une rue, elle le fait désormais en ayant comme objectif que tous les usagers puissent se partager l’espace en toute sécurité», explique Hugo Bourgoin, relationniste de la Ville de Montréal.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Isabelle Perron, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Publicité
Publicité