Pourquoi François Legault a raison de se tenir debout devant les médecins


Philippe Léger
Il y a des batailles qu’un gouvernement doit livrer.
Celle que mène François Legault, avec Christian Dubé à ses côtés, au sujet de la rémunération des médecins omnipraticiens et des médecins spécialistes en est une.
Les médecins sont assis sur des privilèges uniques: travailler où bon leur semble, choisir leurs horaires et sélectionner leurs patients, tout en étant superbement bien payés.
Pourtant, quand le gouvernement ose suggérer un peu de responsabilité en échange – ici, lier une partie de leur salaire à des objectifs de performance –, on crie à l’apocalypse.
Royaume
J’observe la réaction des fédérations médicales depuis, notamment sur les menaces disgracieuses de certaines cliniques envoyées à leurs patients, et je me dis ceci: leur statut de rois dans leurs royaumes les a déconnectés du réel.
On peut affirmer ceci tout en pensant que la plupart des médecins sont dévoués. Et leurs griefs sont parfois fondés. Je pense au manque de ressources pour opérer davantage et à la paperasse, par exemple.
Tout de même, les fédérations médicales souffrent d’un déficit de crédibilité.
Dans les années 2000, elles ont réussi à imposer l’idée que les difficultés du système de santé étaient dues à leur rémunération insuffisante.
Des années après? Ils avaient tort: leurs salaires et leurs primes ont augmenté, mais leur productivité a baissé (HEC Montréal). Cela a un nom: la défense de leurs intérêts avant ceux des patients.
Pardonnez-moi donc, aujourd’hui, d’être sceptique face à leurs inquiétudes et à leurs remèdes.
Portrait
Nous sommes aujourd’hui conviés à une rumba communicationnelle entre les fédérations et le gouvernement.
Or leurs positions ne s’équivalent pas: il y a, d’un côté, les fédérations médicales qui tentent d’abord de protéger leurs privilèges et de l’autre un gouvernement, certes imparfait, qui pense d’abord aux patients.
Ou, en d’autres mots, ceux du père de l’assurance maladie, Claude Castonguay, en 2016: «Notre système de santé n’est pas la propriété des médecins, mais des Québécois. Il devrait être vu, analysé et géré en fonction des besoins des Québécois et des patients.»