Pourquoi Elon Musk s'intéresse-t-il aux élections en Allemagne?
Marie-Anne Audet
Le principal conseiller de Donald Trump, le milliardaire Elon Musk, doit suivre attentivement les élections allemandes, où le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) a réussi à se hisser au deuxième rang des intentions de vote à quelques jours du scrutin de dimanche.
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En effet, la formation politique, pour qui le patron de Tesla milite activement sur sa plateforme X, a le vent dans les voiles, a illustré Mathieu Colin, professeur associé à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke.
«L’AfD a été crédité à 10 % en 2021 aux élections législatives, alors qu’elle est créditée à quasiment 20 % actuellement pour les prochaines élections législatives en Allemagne. Donc, c’est un progrès, en tout cas pour ce parti-là, qui est absolument non négligeable», a-t-il souligné lors d’une entrevue à LCN.
Les motivations derrière l’ingérence d’Elon Musk peuvent être multiples, a estimé l’expert, puisque l’homme d’affaires à plusieurs intérêts en Allemagne.
«Elon Musk, il a certainement des connivences idéologiques, déjà. On sait qu'après avoir voté démocrate en 2016 et 2020, il s'est radicalisé, rapproché des conservateurs et de l'extrême droite à partir de la pandémie, notamment. Donc, il semble y avoir des positions extrêmement similaires sur l'immigration, notamment entre Elon Musk et puis l'AfD», a expliqué M. Colin
«Il y a la plus grosse usine Tesla d’Europe, la seule, je crois. Elon Musk déteste les régulations européennes, que ce soit en matière de liberté d’expression, mais aussi en matière économique. Et le programme de l’AfD est profondément néolibéral et cherche aussi, justement, à supprimer tout type de régulation, tout type de réglementation», a-t-il ajouté.
Mécontentement généralisé
La montée de l'extrême droite en Allemagne, qui a été fortement ébranlée par les répercussions du régime Nazi pendant la Seconde guerre mondiale, peut être expliquée par de nombreux facteurs, selon Mathieu Colin.
Le déclin économique du pays, en plus de la hausse du coût de la vie et des enjeux d'insécurité en sont pour beaucoup, a-t-il souligné.
«L'Allemagne connaît un déclin industriel déjà depuis plusieurs années qui n'a pas été endigué par les partis au pouvoir et notamment les coalitions issues des élections législatives de 2021[...] Il y a aussi les enjeux internationaux. La guerre en Ukraine a fait flamber la hausse d'énergie, la hausse des prix», a illustré le professeur.
«Il y a aussi le contexte sécuritaire et migratoire qui est devenu extrêmement présent. D'abord, vous avez la recrudescence de la menace djihadiste, notamment depuis le 7 octobre 2023. Et puis, encore une fois, le débat autour de la question des réfugiés qui a vraiment crispé le débat depuis 2015, depuis le gouvernement Merkel», a-t-il poursuivi.
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