Pourquoi Adam Engström pourrait sérieusement embêter la direction du CH


Nicolas Cloutier
Même si, en théorie, les Canadiens de Montréal ont l’intention de choisir les 23 meilleurs joueurs pour former leur équipe au terme du camp d’entraînement qui s’amorcera sous peu, la réalité est légèrement différente en raison de la convention collective et du ballottage.
Le ballottage est une idée géniale d'un point de vue syndical qui force les équipes à donner une chance à leurs espoirs dans la Ligue nationale de hockey sous peine de les perdre et les voir s’épanouir ailleurs. Et si nous avons appris quoi que ce soit dans ces quatre ans de règne de Kent Hughes et Jeff Gorton, c’est qu’ils aiment autant perdre un joueur pour rien qu’un traitement de canal.
Cette gestion serrée des actifs avait même mené l’organisation à garder trois gardiens dans son giron pendant plus d’une demi-saison, simplement par crainte de perdre Cayden Primeau, un choix de septième tour, au ballottage.
C’est en défense que le ballottage risque d’exercer la plus grande influence dans le processus décisionnel au septième étage. Jayden Struble y est devenu admissible en début de saison l’an dernier et c’est désormais la réalité d’Arber Xhekaj, qui a accumulé trois saisons d’expérience chez les professionnels et plus de 160 matchs dans la LNH.
La variable Engström
Le groupe de sept défenseurs composé de Kaiden Guhle, Mike Matheson, Noah Dobson, Lane Hutson, Alexandre Carrier, Xhekaj et Struble est ainsi extrêmement difficile à déloger.
Le personnel d’entraîneurs du Rocket de Laval a suggéré dans les derniers jours que David Reinbacher aurait besoin de millage dans la Ligue américaine. L’Autrichien n’a pas joué beaucoup de matchs depuis sa sérieuse blessure survenue durant le calendrier préparatoire l’an dernier et il semble parfaitement raisonnable qu’on l’envoie au terminus de la ligne orange.
Celui qui pourrait sérieusement pimenter ce camp d’entraînement qui s’annonce prévisible, c’est Adam Engström. Le Suédois, qui a brillé lors d’une série très physique contre Charlotte au printemps dernier, «cogne à la porte», dixit l’entraîneur-chef du Rocket, Pascal Vincent. Avant même de se pointer à Laval l’an dernier, ce gaucher intelligent à la glisse des plus fluides avait deux saisons de hockey professionnel dans la SHL, meilleure ligue de Suède, derrière la ceinture.
S’il connaît le camp de sa vie, Engström embêtera la direction du CH de la plus belle façon qui soit. Mais cela ne garantirait pas un début de saison à Montréal, puisque, ce qui semble sûr, c’est que Hughes et Gorton ne sacrifieront pas Xhekaj et Struble au ballottage et ne balanceront pas un actif de qualité dans l’éther. Le Tricolore peut bien entendu remettre une formation de 23 joueurs à la LNH qui contient huit défenseurs, mais à ce compte-ci, on préférerait sans doute offrir de précieuses minutes à Engström dans la Ligue américaine.
Le média RG.org rapportait récemment que le nom de Struble a été mentionné dans des discussions avec des équipes de la LNH au cours de l’été. Struble, 24 ans, a bel et bien une valeur; il a joué de grosses minutes pour le CH au plus fort de la course aux séries lorsque Guhle est tombé au combat. Devant le spectre d’une congestion à la ligne bleue, il serait ainsi très avisé de prendre le pouls du marché. Qu'à cela ne tienne, le CH aime Struble. Si on ne l'aimait pas, il n'aurait pas de valeur.
Et en attaque?
Chez les joueurs d’avant, il pourrait y avoir une bataille féroce pour le poste de 12e ou 13e attaquant, mais du point de vue du ballottage, le dossier n’est pas aussi épineux qu’en défense.
Joshua Roy, Oliver Kapanen et Florian Xhekaj ne sont pas admissibles au ballottage et peuvent tous les trois être cédés au Rocket de Laval sans anicroche. Évidemment, ce n’est pas le cas des vétérans Samuel Blais et Joe Veleno.
Le seul jeune attaquant que le CH courra le risque de perdre est Sean Farrell, qui devra être offert aux 31 équipes s’il ne commence pas la saison à Montréal.
Sans rien enlever à Blais, un gagnant de la coupe Stanley, un travaillant qui joue avec le couteau entre les dents, le risque de le soumettre au ballottage et de le perdre est moindre que dans le cas de Struble ou Xhekaj. Et la perte serait bien moins dramatique dans une perspective froide et calculée de gestion des actifs.
Les places sont tout aussi limitées ou presque en défense qu’à l’attaque, mais le premier groupe posera un plus grand casse-tête si l’on constate une surprise au camp.
La profondeur n'en demeure pas moins un luxe et cette discussion change du tout au tout du moment qu'un joueur subit une blessure - ce que l'on ne souhaite à personne.
Par ailleurs, devant le filet, l'équation est assez simple : Jakub Dobes peut aller directement à Laval, tandis que Kaapo Kähkönen devrait être exposé aux 31 clubs; on en conclut que le gardien qui connaît le meilleur camp gagnera le poste.
Autrement, «que le meilleur gagne» n'est pas le proverbe le plus approprié dans la situation des Canadiens, spécialement si vous êtes défenseur.