Pourparlers sur le nucléaire iranien à Oman: la Maison-Blanche salue «un pas en avant»

AFP
Les États-Unis ont salué «un pas en avant» et des discussions «très positives et constructives» à l’issue samedi de rares pourparlers sur le programme nucléaire iranien, qui ont eu lieu après des menaces du président Donald Trump de recourir à une opération militaire en l’absence d’un compromis.
Les pourparlers menés par l’émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ont franchi «un pas en avant vers un accord mutuellement satisfaisant», a ajouté la Maison-Blanche dans un communiqué.
À bord de l’avion présidentiel, Air Force One, M. Trump a qualifié ces premières discussions de «OK», refusant d’en dire davantage tant qu’elles n’étaient pas terminées.
Après avoir échangé brièvement avec M. Witkoff lors de discussions indirectes dans la capitale omanaise, Mascate, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a précisé que le dialogue reprendrait «samedi prochain», le 19 avril.
«La partie américaine a également déclaré que l’accord souhaité est celui qui peut être atteint dans les plus brefs délais, mais cela ne sera pas facile et nécessitera la volonté des deux parties», a-t-il déclaré à la télévision d’État iranienne.
«Lors de la réunion, je pense que nous nous sommes beaucoup rapprochés d’une base de négociation [...]. Ni nous ni l’autre partie ne voulons de négociations infructueuses, de discussions pour le simple plaisir de discuter, d’une perte de temps et de négociations qui s’éternisent», a-t-il ajouté.
Les discussions se sont déroulées dans «une atmosphère cordiale», selon le ministre omanais des Affaires étrangères, Badr al-Boussaïdi, qui a servi de médiateur pendant les échanges.
Les Américains ont appelé à des discussions directes.
La diplomatie iranienne a salué dans un communiqué «une atmosphère constructive basée sur le respect mutuel», précisant que MM. Araghchi et Witkoff ont pu échanger directement pendant «quelques minutes».
Adversaires depuis 1979, Téhéran et Washington tentent de parvenir à un nouvel accord sur le nucléaire pouvant succéder au règlement international JCPoA de 2015, dont Donald Trump s’est retiré unilatéralement lors de son premier mandat, en 2018.
L’Iranien Araghchi a dit viser «un accord équitable et honorable, sur la base de l’égalité».
Affaibli par les revers infligés par Israël à ses alliés, le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza, l’Iran cherche à obtenir la levée des sanctions qui étranglent son économie.
Donald Trump a adopté une politique de «pression maximale» à l’égard de la République islamique et imposé de nouvelles sanctions visant son programme nucléaire et son secteur pétrolier. Il avait créé la surprise en annonçant lundi la tenue de ces discussions, après des semaines de joutes verbales entre les deux pays, qui ont rompu leurs relations diplomatiques il y a 45 ans.
«Ligne rouge»
Les États-Unis cherchent depuis près de 20 ans à mettre fin au programme nucléaire de l’Iran, qu’ils accusent de visées militaires, ce que Téhéran dément.
M. Witkoff, en visite vendredi en Russie, a déclaré au Wall Street Journal que «la militarisation de la capacité nucléaire» de Téhéran était une «ligne rouge» pour Washington.
«Notre position commence par le démantèlement de votre programme. C’est notre position aujourd’hui. Cela ne veut pas dire qu’à la marge, nous n’allons pas trouver d’autres moyens pour tenter de parvenir à un compromis», a-t-il soutenu.
Malgré ce dialogue, le président Trump n’a pas exclu mercredi une intervention militaire, «tout à fait» possible s’il n’y a pas d’accord conclu avec l’Iran.
«S’il faut recourir à la force, nous recourrons à la force. Israël y sera bien évidemment très impliqué», a averti M. Trump, indéfectible soutien du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui agite depuis des années le spectre d’une attaque contre le programme nucléaire iranien, qu’il qualifie de menace existentielle contre l’État hébreu.
«Je veux que l’Iran soit un pays merveilleux, grand et heureux. Mais il ne peut pas avoir d’arme nucléaire», a prévenu vendredi M. Trump.
«Un peu d’oxygène»
Après le retrait de Washington du JCPoA de 2015 et le rétablissement de sanctions américaines à son encontre, la République islamique d’Iran a pris ses distances avec l’accord international (Iran, États-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne).
Elle a accru son niveau d’enrichissement de l’uranium jusqu’à 60%, très au-dessus de la limite de 3,67% imposée par l’accord, se rapprochant du seuil de 90% nécessaire à la fabrication d’une bombe atomique.
Les conflits à Gaza et au Liban ont attisé les tensions entre l’Iran et Israël, ce qui a mené à des attaques militaires réciproques pour la première fois depuis des années de guerre par procuration.
Pour Karim Bitar, enseignant à Sciences Po Paris, «la seule et unique priorité est la survie du régime et, idéalement, l’obtention d’un peu d’oxygène, d’un allègement des sanctions, afin de relancer l’économie, car le régime est devenu assez impopulaire».