Pour qui parlent les syndicats?
Emmanuelle Latraverse
La prise de bec bien publique entre François Legault et la présidente de la FIQ nous a donné un avant-goût du bras de fer qui se dessine autour de la réforme du système de santé.
Mais le scénario habituel du méchant gouvernement contre les pauvres travailleurs du réseau public tiendra-t-il en 2023?
Certes, la Fédération interprofessionnelle de la santé dit parler pour les 80 000 professionnelles en soins qu’elle représente. Elle est certainement la voix de leur ras-le-bol, la voix de leur lassitude face à un réseau dysfonctionnel incapable de proprement les valoriser.
Mais ce serait une grave erreur de s’imaginer que l’appui de ses membres et celui des autres syndiqués envers les grandes centrales se traduisent nécessairement par une opposition à l’approche du gouvernement Legault.
Car en 2023, l’équation traditionnelle entre allégeance syndicale et gauche politique ne tient plus nécessairement.
Réalignement politique
L’effritement de la question nationale, la lutte contre le déficit zéro avaient déjà affaibli la loyauté des syndiqués envers le PQ. Le progressisme identitaire à tout rompre de QS ne l’a certainement pas aidé à gagner l’appui systématique de ce vaste bassin d’électeurs.
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Car les syndiqués d’aujourd’hui ne sont plus la classe ouvrière d’antan. Ils sont la classe moyenne, celle qui trouve qu’elle paie trop d’impôts, celle qui se réjouit de voir sa facture de taxes scolaires baisser, celle qui se reconnaît, en grande partie, dans les politiques du gouvernement Legault.
Le même phénomène émerge au fédéral, où c’est le Parti conservateur de Pierre Poilievre qui rafle les honneurs auprès des travailleurs syndiqués. Une première depuis près de 40 ans.
C’est comme si les travailleurs syndiqués avaient compris l’essentiel. Même s’ils finissent par en bénéficier, trop souvent les syndicats se battent pour le syndicalisme. Ça semble certainement être le cas de la FIQ, ces temps-ci.
