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L'article provient de Le Journal de Montréal
Éducation

Pour prévenir les risques et dérives: mieux vaut enseigner l’IA dès un plus jeune âge

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Photo portrait de Marie-Laurence Delainey

Marie-Laurence Delainey

2025-02-04T22:00:00Z
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Il est temps d’inclure concrètement l’intelligence artificielle (IA) dans les cours à l’école pour permettre aux jeunes de mieux la reconnaître sur les réseaux sociaux et prévenir les dangers qui l’accompagnent, soutiennent des experts du numérique et milieu de l’éducation.

«On devrait avoir des formations en IA partout, même à la maternelle», lance Myriam Côté, directrice de recherche chez JACOBB, un centre d’intelligence artificielle.

Au Québec, l'IA est enseignée dans certains programmes d’études supérieures. Elle fait partie d'un concept obligatoire à enseigner dans un des cours de 4e secondaire, mais pas avant.

«C’est comme apprendre à lire et à écrire, commencer à s’initier à ces choses-là. On ne veut pas un système d’IA à deux vitesses, des gens qui sont experts et des gens qui ne savent rien», ajoute Mme Côté.

Selon elle, il faudrait d’abord et avant tout reconnaître la présence de l’IA sur nos plateformes et ses algorithmes qui peuvent nous influencer et nous montrer qu’un seul point de vue. Si vous avez remarqué, par exemple, que vous voyez beaucoup de publications sur le président Donald Trump sur vos réseaux sociaux, ce n’est pas une coïncidence.

Les sujets polarisants et les algorithmes

C’est entre autres en raison des algorithmes de l’IA qui notent vos habitudes de consommation. Ce type d’algorithme permet de vous suggérer du contenu en lien avec le contenu que vous avez déjà consulté. Le contenu polarisant est aussi plus susceptible de vous suggérer du contenu polarisant.

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«Les débats moraux, ça fait plus de clics, parce que les gens sont enflammés, c’est émotionnel, les algorithmes vont pousser plus du même genre d’opinion. [...] Ils ne vont pas te présenter un point de vue divergent qui pourrait te permettre d’exercer ton sens critique», explique Myriam Côté.

Une école privée de Châteauguay se penche actuellement sur l’enseignement de l’intelligence artificielle. Le Collège Héritage a commencé à former son personnel afin qu’il enseigne l’IA à son tour. «Notre premier réflexe, c’était certainement [de se dire] "Oh mon dieu, c’est une menace. On bloque tout!" Mais on a compris qu’il fallait embarquer, parce que ce n'est pas quelque chose qui allait disparaître [...] On a eu une formation aussi sur un type d’intelligence qu’on va pouvoir utiliser avec les élèves, qui est plus balisée», décrit la conseillère pédagogique, Daniela Cicciarelli.

Photo Agence QMI Marie-Laurence
Photo Agence QMI Marie-Laurence

Des élèves qui connaissent déjà la base souhaitent aussi en apprendre davantage. «Il y a plus de positif que de négatif, il faudrait aussi enseigner le côté négatif de l’intelligence artificielle», affirme Olivier Fréchette, qui est en 4e secondaire. 

L’ingénieur qui vulgarise des sujets politiques sur les médias sociaux, Farnell Morrisset, souligne l’importance de développer son sens critique face aux dérives des réseaux sociaux pour la population en général.

«Même si intellectuellement, on comprend qu’il y a des algorithmes, des manipulations par rapport à ce qu’on voit [...] Culturellement, on ne l’a pas intégré à notre façon de penser [...] Jusqu’à ce que cette prise de conscience devienne concrète, il va y avoir de l’éducation active à faire», ajoute M. Morrisset.

De son côté, le Centre de services scolaire de Montréal soutient qu’il vaut mieux éduquer que d’interdire l’usage de l’IA, mais dit être toujours au stade de la prudence pour permettre une utilisation libre aux élèves.

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