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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Pour ne froisser personne, de nombreux sujets ont disparu des discussions au G7

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2025-06-16T21:25:24Z
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L’égalité des genres, les changements climatiques, la biodiversité, la pauvreté, la santé, les droits des homosexuels... la liste des sujets absents du G7 au Canada par rapport aux rencontres précédentes est longue.

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Ce sommet, qui est le premier depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, a été soigneusement planifié afin de s’assurer que le président américain accepte d’y participer sans que cela se termine dans le chaos.

L’ordre du jour a donc été resserré autour de certains thèmes: les perspectives économiques mondiales et la sécurité énergétique notamment, avec un accent sur la question des chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques et sur l’IA, ainsi que «la paix et la sécurité internationales».

L’an dernier en Italie, lorsque Joe Biden était encore président des États-Unis, ce sommet annuel s’était terminé par une déclaration commune promettant de meilleures relations avec l’Afrique, des mesures contre la pauvreté, et la volonté de s’attaquer «à la triple crise du changement climatique, de la pollution, et de la perte de biodiversité».

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Des sujets qui sont presque totalement absents des discussions cette année, confirme John Kirton du G7 Research Group à l’Université de Toronto.

«Il n’y a aucun intérêt à les mettre à l’ordre du jour si les Américains refusent simplement d’en discuter. Et si vous en mettez trop, Trump ne viendrait même pas», a-t-il affirmé.

Ce dernier note par ailleurs que le programme était déjà très chargé par les divers conflits dans le monde, de l’Ukraine au Moyen-Orient. Les pays du G7 sont aujourd’hui davantage préoccupés par les dépenses de défense que par l’aide au développement.

«Arriver à ses fins»

Pour le G7 – fondé il y a 50 ans par les principales économies mondiales à l’époque – un tel changement de priorités soulève des questions majeures sur la raison d’être et l’avenir de ce club.

Mais, pour l’administration Trump, le groupe revient simplement à sa fonction d’origine: promouvoir la stabilité et la croissance économique mondiales.

«Le Canada sait que pour réussir ce sommet, il doit s’en tenir aux valeurs traditionnelles du G7 tout en évitant les sujets controversés», a déclaré Caitlin Welsh du Center for Strategic and International Studies établi à Washington.

«Le G7 doit s’adapter pour arriver à ses fins», a d’ailleurs expliqué le premier ministre canadien Mark Carney dans ses remarques d’ouverture. «La nostalgie n’est pas une stratégie. Nous devons changer pour construire un monde meilleur.»

Mais l’impact de ces changements dans l’ordre du jour inquiète de nombreux militants. Comme l’explique Amitabh Behar, directeur général d’Oxfam International, «le retrait du G7 du monde est sans précédent et ne pourrait pas survenir à un pire moment alors que la faim, la pauvreté et les dommages climatiques s’intensifient».

Oxfam a calculé que les pays du G7, qui fournissent les trois quarts de toute l’aide publique au développement, réduisent cette aide de 28% entre 2024 et 2026.

Plutôt que de prendre le contre-pied de la nouvelle politique américaine en matière d’aide, «des pays du G7 comme le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France suivent à la place la même voie», déplore Amitabh Behar.

Détournement

Mais en lisant entre les lignes, on peut constater que certains thèmes n’ont pas complètement disparu.

Ainsi, un sujet inhabituel a été ajouté à l’ordre du jour: une discussion visant à «renforcer la collaboration pour prévenir et combattre les feux de forêt».

Ce sujet «nous permet de parler du changement climatique sans le mentionner directement, car nous savons que malheureusement, tout le monde ne l’apprécie pas», a expliqué une source gouvernementale canadienne à l’AFP, évoquant le président américain climatosceptique sans le nommer.

Les incendies – rendus plus intenses et plus fréquents à cause des changements climatiques – font de plus en plus de ravages dans le monde.

Pour John Kirton, cette tactique est «intelligente». «Ils ont vu les incendies de forêt comme une porte d’entrée [,,,] qui fonctionnerait avec Donald Trump».

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